vendredi 23 septembre 2011

«Appel du 17 septembre» : Une manip’ d’Etat ?

«Il s’agit d’une machination orchestrée en haut lieu par des proches du Président. Tout a été fait à son insu !» révèle une source proche de la présidence de la République. L’appel lancé sur le réseau social facebook appelant à la révolte, le 17 septembre, contre le pouvoir en Algérie a suscité moult interrogations. Différentes hypothèses ont été avancées sans arriver à mettre la lumière sur cet étrange appel. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire croire à un complot dirigé de l’étranger. Cependant, il s’agirait d’une savante manipulation cuisinée en très haut lieu, dont l’objectif est de désamorcer d’éventuelles révoltes en Algérie en les présentant automatiquement dans l’opinion comme un «complot étranger» ou sioniste. Selon notre source, un actuel conseiller à la présidence de la République a eu recours à un ancien limier du pouvoir pour mener une action des plus audacieuses. Le spin doctor Ce couple aurait fait appel aux services d’une grande agence américaine de communication et de lobbying dirigée par un spin doctor, connu dans le milieu des relations internationales. «La première rencontre a eu lieu à Paris en juin dernier, les deux hommes avaient exposé la problématique à l’expert en communication américain. Il a demandé un temps de réflexion», poursuit notre source. Quelques jours plus tard, le spin doctor aurait pris attache avec les initiateurs, ils se sont donné rendez-vous à Dubaï cette fois-ci. «L’expert a présenté trois plans d’action à ses clients, la campagne intitulée «Appel à la révolte le 17 septembre» a charmé nos deux hommes, pour cela l’expert américain a détaillé les raisons (signification et symbolique des dates) et les objectifs. En parfait connaisseur, l’expert a su établir un diagnostic de la société algérienne, le profil des ciblés et les moyens d’y parvenir, le tout avec son implication directe auprès de certains acteurs politiques de la région pour d’éventuelles déclarations, afin d’étayer la thèse du complot, mais aussi avec la collaboration d’experts en informatique et réseaux pour effacer toute trace des adresses IP et de géolocalisation», explique notre source. Ce qui explique les déclarations du dirigent libyen du CNT : «Il y aura un révolte le 17 septembre, je pense !» Ou encore la déclaration d’un ministre marocain en réponse à la question de l’implication du Maroc dans cette affaire. Selon une source à la direction Afrique du Nord-Moyen-Orient de facebook, cette page a été boostée : «Je pense que tout cela a été fait avec la collaboration de quelque technicien de notre plateforme, puisque le lien promotionnel de la page apparaissait systématiquement à tous nos adhérents DZ. Je peux vous confirmer qu’une transaction commerciale avec notre direction n’a pas été faite, néanmoins ce genre d’opération peut être réalisée ailleurs, notamment aux Etats-Unis à notre QG.» «D’après les analyses fournies par mes collègues, il y avait un flux anormal sur cette page, alors qu’il ne s’agit pas d’un lien commercial ; je pense que cela a été programmé ailleurs», confie notre source de facebook. Nous avons tenté d’obtenir officiellement des informations de la direction de facebook, mais il n’y a eu aucune réponse à nos appels incessants et emails. Et des hackers Pour revenir à la «campagne» du 17 septembre, les deux initiateurs auraient, selon toujours la même source à la Présidence, chapeauté un plan d’action interne, des hackers ont été engagés pour s’attaquer au site internet d’Al Jazeera, à sa page facebook. Des pseudo-internautes ont été aussi engagés dans cette opération, le tout relayé par une campagne effrénée dans la presse proche du pouvoir. Depuis le mois d’août, nous avons assisté à une campagne sans relâche contre Al Jazeera et le CNT libyen. Mais le philosophe français Bernard-Henri Lévy a été sans doute la cible de cette campagne basée sur le «complot sioniste». «Tout le monde a été mené en bateau, même le DRS aurait été trompé dans cette histoire dirigée en catimini. Des réunions intenses au sommet ont eu lieu dans toutes les directions des services de sécurité pour parer à d’éventuels dérapages ou mouvements de foules. Aucun responsable politique ou sécuritaire n’a été mis au courant de cette opération», atteste notre source. Pourquoi a-t-on joué avec le feu et mis en danger la sécurité nationale ? «Le plan d’action livré par le spin doctor avait toutes les chances d’aboutir, puisque la stratégie repose sur la haine du juif et des sionistes, vous savez ce que cela signifie chez nous. Les médias et les appendices du pouvoir ont dopé à coups d’articles antisémites les Algériens, jusqu’à rejeter cet appel puis il y a eu la contre-révolte sur les réseaux sociaux, la presse et même dans les discussions de rue», analyse notre source. Les services de sécurité, tous corps confondus, ont alors traqué des internautes comme ceux de Djelfa ou de Belle-Vue à El Harrach. D’autres convocations et interpellations ont eu lieu un peu partout sur le territoire national. L’opération réussie, une fête aurait été organisée dans une villa sur les hauteurs d’Alger… La main de l’étranger s’avère bien de chez nous !

Le régime algérien craint que l’armée bascule du côté du peuple

L’évidence est aveuglante, en effet. Ce régime est en fin de ressources, et il le sait lui-même. Mais lui est aveuglé par les propres tares, la voracité, et la mégalomanie de ses barons. Aujourd’hui, épouvanté par les révolutions populaires qui ont fait vaciller, puis s’effondrer les régimes despotiques voisins, ce régime, plutôt que de prévenir une révolution violente, et de se résigner à rendre les clés de la maison, à son véritable propriétaire, le peuple algérien, il n’est préoccupé que d’une seule et unique inconnue: chercher à savoir, coûte que coûte, ce que sera la réaction de l’armée en cas de soulèvement populaire, et se la concilier, par tous les moyens. C’est pour cela qu’il a très mal perçu la réaction des armées tunisienne et égyptienne. Il aurait voulu que celles-ci tirent sur les manifestants, qu’elles les empêchent de chasser les despotes qui les broyaient. Aujourd’hui, il n’est obnubilé que par cette question. Rien ne le préoccupe davantage. Parce que hormis cette inconnue, il croit avoir pris toutes les précautions utiles. Les effectifs sécuritaires, entre policiers, gendarmes et miliciens, qu’il a alignés pour une répression programmée dans ses moindres détails, les augmentations de salaires exorbitantes, avec effet rétroactif sur trois années, qu’il a consenti à tous les policiers, gendarmes et militaires, les armements et une batterie ahurissantes de moyens qu’il a mis en place, pour réprimer toute velléité populaire de soulèvement, ne souffrent que d’un seul impondérable: La réaction de l’armée. Et les rumeurs qui circulent depuis plus de deux mois, dans des milieux d’officiers algériens ne sont pas pour le rassurer. Des milliers d’officiers font savoir, en effet, à leur manière, et au sein de leur propre institution, que le régime ne devra pas les solliciter pour faire tirer sur la population, et que bien au contraire, s’ils estiment que le peuple est l’objet d’exactions qui passent la limite de la légalité, leur camp naturel serait du côté de leur peuple. Comme en Tunisie, et comme en Egypte. Et c’est là le principal problème de l’heure pour le régime, le seul et le plus important en l’occurrence, qui est totalement tabou, et qu’aucun média n’a seulement évoqué, serait-ce par allusion. C’est cela en effet le problème qui empêche les barons du régime de dormir, et qui les pousse à des attitudes qui frisent la panique, comme de déplacer leurs capitaux des banques américaines et européennes pour les placer dans les pays du Golfe, au Venezuela et autres pays receleurs. En ce moment même, il règne au sein de l’armée algérienne un climat de chasse aux sorcières, où le DRS joue le même rôle que dans les années 90 où il lançait des traques qui finissaient souvent en assassinats, contre tous les officiers suspectés seulement d’avoir des sympathies islamistes. Aujourd’hui il n’a plus les moyens de ses turpitudes, et il ne peut plus faire assassiner une majorité de jeunes officiers. Trop nombreux, en une période qui n’est plus aussi permissive que pendant la décennie rouge. Mais il tente de leur faire peur, en même temps qu’il tend la carotte aux plus charismatiques d’entre-eux. Mais tant va la cruche à l’eau. Lorsqu’un régime s’est imposé par la peur et le carnage, et qu’il ne peut plus se livrer à de telles extrémités, ceux qui se taisaient, ou qui se terraient, parce qu’ils craignaient pour leur vie, s’enhardissent et se manifestent de plus en plus ouvertement. Et ceci entraînant cela, le nombre des officiers qui affichent leur ralliement à leur seul peuple, comme on brandit un étendard, devient de plus en plus massif. Le régime est effrayé C’est cela qui a jeté l’effroi dans le cœur des barons du régime. Car l’armée était leur principale garantie de survie. Aujourd’hui, ils ne craignent pas seulement que l’armée ne se range pas de leur côté, contre le peuple, mais ils savent, sans l’ombre d’un doute, que si le soulèvement est massif, l’armée algérienne serait à l’avant garde de la révolution. C’est cela le nombre d’or de la formule, si je puis dire. Et c’est pour cela qu’il nous faut multiplier les appels à nos frères officiers, sous-officiers et hommes de troupe.De leur engagement à nos côtés dépend la suite des évènements. Il suffirait qu’ils fassent connaître massivement leur intention de rallier la cause du peuple pour que ce régime abdique. Car les exemples des despotes qui ont été balayés sont là pour lui rappeler qu’il est de son intérêt, celui des barons qui le composent, de leurs clientèles et de leurs parentèles, qu’ils remettent les clés de la maison à son véritable propriétaire. De façon franche et irrévocable. Sans chercher à tergiverser, ni à ruser. Le temps n’est plus au replâtrage, mais à la démolition de tout l’édifice mafieux, et à l’avènement d’un Etat de Droit. Ces barons du régime peuvent épargner au pays, et surtout à eux-mêmes, de lourdes conséquences. Les situations comme celles que vit notre pays, lorsqu’elles dégénèrent, peuvent devenir incontrôlables. Elles peuvent déboucher sur des tragédies immenses. C’est à eux qu’il appartient aujourd’hui de rendre ce pays à son peuple. Il leur sera tenu compte de cette sage résolution, si elle se produit. Et ils pourront peut-être jouir du fruit de leurs rapines, si le peuple le leur permettra, pour avoir su éviter de faire couler son sang. Sinon, le peuple algérien et son armée sauront qui aura été le principal responsable de toute tragédie qui viendrait endeuiller, encore une fois, les Algériens. Et ils sauraient que toutes les souffrances inutiles qui auront été infligées au peuple n’auront été dictées que par le désir de s’accrocher au pouvoir, juste pour pouvoir continuer à piller le pays, au prix d’un fleuve de sang. A Dieu ne plaise ! Par Djamaledine Benchenouf