vendredi 3 septembre 2010

Les citoyens ne sont pas surveillés mais protégés

Le système de télésurveillance adopté au niveau de la capitale ne porte en aucun cas atteinte aux libertés individuelles», a déclaré le chargé de la communication de la sûreté de wilaya d’Alger en marge d’une conférence de presse animée hier au siège de la sûreté de wilaya.
En réaction à la gêne manifestée par certains citoyens vis-à-vis des caméras de surveillance, ce responsable rassure du fait que les caméras sont utilisées essentiellement pour sécuriser.
Dans ce sillage, le responsable affirme que l’intimité des personnes est préservée. «Les citoyens ne sont pas surveillés, mais ils sont plutôt protégés. On ne fixe pas notre surveillance sur les personnes. De plus, notre système de surveillance ne peut pas accéder à l’intérieur des maisons», a-t-il précisé. Selon ses dires, le système de télésurveillance ne dévoile pas l’intimité des personnes à l’intérieur de leurs foyers. Dès qu’il s’agit de révéler ce genre d’images «la caméra est rendue floue automatiquement», a déclaré notre interlocuteur. Revenant sur l’objectif visé par ce projet qui est toujours en cours, ce chargé de la communication insiste sur le fait que le projet s’inscrit dans le cadre de la protection et de la sécurisation de la population de la capitale. «On ne l’appelle plus le système de télésurveillance, mais système de téléprotection. C’est un projet qui sera renforcé de jour en jour.
Il y a plusieurs moyens utilisés pour protéger les gens, parmi eux figurent les moyens technologiques tels que les caméras», a expliqué ce responsable de la communication. Par ailleurs, une autre question qui s’impose est celle relative à la présence en force des agents de police dans les différents quartiers d’Alger, y compris dans les endroits où les caméras sont fixées. Lors du début de l’installation de ces caméras, les citoyens s’attendaient à la réduction du nombre de policiers activant sur le terrain. Toutefois, la situation est toujours la même. Bien au contraire, le nombre d’agents de police s’est multiplié pendant ce mois de Ramadhan. D’après notre interlocuteur, les caméras de surveillance ne peuvent en aucun cas se substituer aux agents de police. «C’est le policier qui intervient sur le terrain. Cela n’est pas visible à l’étranger, mais la présence de l’élément humain est indispensable. Il y a une coordination entre ceux qui surveillent les caméras et les éléments qui sont sur le terrain. C’est un maillage de la capitale à travers ce dispositif», a-t-il révélé. Il mettra l’accent sur l’efficacité de ce système. «Pendant le Ramadhan, nous avons arrêtés au niveau de la rue Hassiba Ben Bouali un groupe spécialisé dans l’effraction des magasins de vente de téléphones portables grâce aux caméras mises en place. 

Djedjiga Rahman

Découverte

La principale richesse de l'Algérie, son pétrole et son gaz, n'est plus source de bonheur pour son peuple. La volonté d'accaparement de la rente pétrolière par ses dirigeants, politiques et militaires, a plongé des pans entiers de la société dans la misère, tandis que les jeunes n'ont qu'une envie : quitter le pays. Afin de pérenniser leur pouvoir, ces dirigeants ont mis en place, derrière une démocratie de façade, un régime qui ne repose que sur deux piliers : la corruption et la police politique.
Pour comprendre comment l'Algérie en est arrivée là, il est essentiel de connaître la dimension la plus ignorée de son histoire contemporaine : celle de son pétrole. C'est cette histoire que brosse dans ce livre Hocine Malti, qui participa comme jeune ingénieur à la création de l'entreprise algérienne des pétroles, la Sonatrach. Montrant comment les premières découvertes de gaz et de pétrole sahariens en 1956 ont conduit la France à prolonger de plusieurs années la conclusion de la guerre d'indépendance, il révèle aussi les dessous de la collaboration conflictuelle entre sociétés pétrolières françaises et le jeune État algérien dans les années 1960, jusqu'à la nationalisation de 1971 par Boumediene.
Riche de détails inédits et d'expériences vécues, ce livre explique comment les dirigeants d'un des pays leaders du tiers monde ont mis ensuite à profit la manne pétrolière pour garnir leurs comptes en banque et acheter le silence des grandes démocraties sur les dérives du régime, tuant ainsi dans l'œuf toute tentative d'expression démocratique en Algérie. Et comment les milliards de dollars des hydrocarbures sont toujours aujourd'hui au cœur des règlements de comptes permanents entre les différents clans du pouvoir.
Hocine Malti, ingénieur des pétroles, a participé à la création de la Sonatrach, dont il a été vice-président de 1972 à 1975. Conseiller du secrétaire général de l'OPAEP (Koweït) de 1975 à 1977, puis directeur général de l'Arab Petroleum Services Company (Tripoli) jusqu'en 1982, il est aujourd'hui consultant pétrolier.
Collection : Cahiers libres – 360 pages – 21 €
En librairie à partir du 2 septembre 2010 (En France pas en Algérie)

jeudi 2 septembre 2010

Irak, Bush, Brown : dans ses mémoires, Blair enfonce le clou


Alcool, sexe, règlements de comptes. Trois ans après avoir quitté le pouvoir, l'ancien premier ministre britannique publie ses mémoires, qui alternent entre ragots et cours magistral. Tony Blair défend son bilan. Il persiste et signe sur l'Irak, tacle son ex-meilleur ami Gordon Brown et ne tarit pas d'éloges sur son successeur conservateur David Cameron.
Depuis 2007, Tony Blair avait (presque) disparu du paysage britannique. Occupé à parcourir la planète, avec ses multiples casquettes d'émissaire onusien, d'avocat des bonnes causes et de consultant grassement rémunéré, il se montrait particulièrement discret dans son propre pays.

Les Britanniques sont toujours fascinés par Tony Blair

Aujourd'hui, avec la publication de ses mémoires, « A Journey » (« Un Voyage »), il fait un retour fracassant sur le devant de la scène. Son regard bleu acier s'étale à la une de tous les journaux. Il a donné à la BBC sa première interview télévisée depuis son départ du 10, Downing Street. Et quelques heures après sa sortie, le livre est déjà en tête des ventes sur Amazon.
L'ancien Premier ministre et son éditeur ont savamment entretenu le suspense autour de l'ouvrage, dont aucun extrait n'a filtré avant sa mise en vente simultanée dans plus de dix pays. C'est un pavé de 718 pages, au style direct, parfois approximatif, souvent naïf, par moments donneur de leçons.
L'auteur prend la peine de préciser qu'il a tout écrit, de la première à la dernière ligne. Comme pour se distancer du personnage peu flatteur qu'il a inspiré à Roman Polanski dans son film « Ghost Writer », qui met en scène un ancien premier ministre britannique (Pierce Brosnan) poursuivi par la justice internationale pour torture, alors qu'il est occupé à faire écrire ses mémoires par un nègre (Ewan McGregor).
Le tapage médiatique autour de livre témoigne de la fascination que continue à exercer Tony Blair au Royaume-Uni, où il séduit autant qu'il agace. Morceaux choisis, de l'Irak à la rivalité avec Gordon Brown, en passant par le gin tonic et le sexe.

Irak : « Je ne peux pas regretter »

Si c'était à refaire, Tony Blair n'hésiterait pas une seconde. En engageant son pays aux côtés des Etats-Unis dans l'aventure irakienne, l'ancien Premier ministre s'est aliéné l'opinion britannique. Mais il n'exprime ni remords, ni regrets :
« Je continue à penser que laisser Saddam Hussein au pouvoir présentait un plus grand risque pour notre sécurité que de le renverser. Je ne peux pas regretter la décision d'entrer en guerre.
Les renseignements sur les armes de destruction massive se sont révélés incorrects. Comment cela est arrivé reste un mystère.
Ce que je peux dire, c'est que jamais je n'ai pressenti le cauchemar qui allait suivre et cela aussi fait partie de la responsabilité. […] La vérité, c'est que nous n'avons pas anticipé le rôle d'Al-Qaïda ou de l'Iran. »
Loin d'amorcer une autocritique, Tony Blair, au contraire, enfonce le clou. Dans son interview à la BBC, il compare l'Irak de 2003 à l'Iran de 2010. Il va même jusqu'à préconiser le même remède :
« Avec l'Iran, nous avons exactement le même problème. Nous devons nous préparer à les affronter, militairement si nécessaire. Il n'y a pas d'alternative. »

Georges Bush : « Un véritable idéaliste »

Après l'invasion de l'Irak, Tony Blair a parfois été surnommé « le caniche de Bush ». Sa description du président américain ne fait rien pour effacer ce sobriquet :
« L'une des caricatures les plus grotesques à propos de George, c'est qu'il serait un illustre crétin arrivé à la présidence par hasard.
J'en suis venu à [l']aimer et à [l']admirer. […] C'était, d'une façon bizarre, un véritable idéaliste, […] d'une grande intégrité. »

Gordon Brown : « Exaspérant »

Depuis trois ans, Tony Blair s'est retenu de tout commentaire sur son successeur au poste de Premier ministre, Gordon Brown, qui avait été pendant dix ans son ministre des Finances. Aujourd'hui, il se lâche. L'animosité entre les deux anciens meilleurs amis va bien au-delà de tout ce qu'on pouvait imaginer :
« Etait-il difficile, parfois exaspérant ? Oui. Mais il était aussi fort, compétent et brillant, et je n'ai jamais cessé de respecter ces qualités.
Calcul politique, oui. Sentiments politiques, non. Intelligence d'analyse, absolument. Intelligence émotionnelle, aucune. »
Juste avant le passage de relais entre les deux hommes, les relations étaient tellement tendues que Tony Blair ne prenait plus Gordon Brown au téléphone. La seule chose qui l'a dissuadé de se débarrasser de cet encombrant rival, explique-t-il dans un aveu de faiblesse, c'est qu'il le jugeait plus nuisible à l'extérieur qu'à l'intérieur du gouvernement.
Avec Gordon Brown comme Premier ministre, les travaillistes couraient au « désastre », affirme aujourd'hui Tony Blair, quatre mois après le retour de la droite au pouvoir. Il tire à boulet rouge sur la politique de relance menée par son successeur. Il applaudit en revanche la campagne du Premier ministre conservateur David Cameron pour réduire les déficits :
« Si les travaillistes se contentent de dénoncer les coupes budgétaires des Tories et des “collabos” lib-dem, ça sera peut-être payant à court terme, mais ils perdront toute possibilité de revenir au pouvoir.
Il faut admettre que, depuis 2005, nous n'avons pas fait suffisamment d'efforts pour réduire les déficits structurels. Le danger pour le Labour est maintenant de dériver encore plus loin vers la gauche. »

« J'ai l'âme d'un rebelle »

Les bons conseils de Tony Blair tombent à point nommé, alors que le vote des militants pour désigner le nouveau chef du parti travailliste débute le jour même de la parution de ses mémoires.
Aucun des cinq prétendants en lice n'accueille d'un bon œil les recommandations de l'impopulaire ex-Premier ministre. Pas même le favori, David Milliband, pourtant présenté comme son héritier. Les conservateurs au pouvoir, au contraire, se félicitent des bons points qu'il distribue à l'actuel gouvernement de coalition.
Tony Blair est-il de gauche ? L'artisan de la « troisième voie », si décriée en France par Lionel Jospin, se plaît à brouiller les pistes :
« C'est vrai que ma tête peut parfois pencher du côté conservateur, spécialement sur l'économie ou la sécurité ; mais mon cœur bat toujours du côté des progressistes, et mon âme est, et sera toujours, celle d'un rebelle. »

« Gin tonic avant le dîner »

Tony Blair n'est pas infaillible. Pour tempérer la tonalité générale à l'autosatisfaction de ses mémoires, il a cru bon de les pimenter de quelques confidences sur ses vices supposés. Pour échapper au stress de la fonction, et notamment à ses relations tumultueuses avec Gordon Brown, l'ancien Premier ministre confesse avoir abusé de la bouteille quand il était à Downing Street :
« Un whisky sec ou un gin tonic avant le dîner, deux verres de vin ou même une demi-bouteille au dîner. Donc, rien d'excessivement excessif. J'avais une limite. Mais j'étais conscient que c'était devenu une dépendance. »

« Le sexe et la politique, c'est étrange »

Quand il apprend le décès du leader travailliste John Smith, le 12 mai 1994, Tony Blair sait que son heure a sonné. Avant de partir à la conquête du parti, il raconte sans pudeur la nuit torride qu'il passe avec son épouse :
« J'avais besoin de l'amour que Cherie me donnait. Je l'ai dévorée pour me donner de la force, j'étais un animal suivant mes instincts, tout en sachant qu'il me faudrait tout le pouvoir émotionnel et la capacité de résistance pour faire face à ce qui allait venir. »
Relatant les aventures extraconjugales d'un de ses ministres, il évoque le contrôle permanent auquel est soumis tout homme politique. Puis il se laisse aller à une mystérieuse digression :
« Il y a cette rencontre, tellement excitante, tellement coquine, qui échappe à tout contrôle de soi. Tout à coup, vous êtes transporté hors de votre monde d'intrigues et de machinations sans fin, de sérieux qui s'ajoute au sérieux, et vous vous retrouvez sur une île du plaisir, loin de tout, libre. »
« Le sexe et la politique, c'est étrange », concède Tony Blair. Avant de revenir à la réalité pour dénoncer un comportement « stupide » et « irresponsable ».

Michael Douglas: pire que prévu

L'acteur a reconnu au cours d'un show télévisé souffrir d'un cancer de la gorge au stade 4. A l'issue souvent mortelle. Michael Douglas parle de son cancer.
Tout sourire comme s'il participait à n'importe quelle émission «Late Show» de David Letterman! Pourtant, les propos de Michael Douglas, 65 ans, mardi soir, n'avaient rien de rassurant: l'acteur a confié qu'il souffrait d'un cancer à la gorge de stade 4. En clair, cela signifie que les métastases ont déjà quitté leur lieu d'origine.
Le pronostic vital restant des plus réservés.
Mais Michael Douglas, avouant que sa maladie était due à l'alcool et au tabac, a donné aussi une version optimiste du mal qui le ronge. «Je suis un traitement par rayons et une chimiothérapie depuis une semaine. J'enregistre déjà des progrès.»
Comme pour mieux exorciser les démons, le mari de Catherine Zeta-Jones a insisté sur le fait que, dans le cas d'une tumeur à la gorge, «les pourcentages de guérison sont bons. Il semble que ce soit 80%.»
En forme pendant l'émission
A la question de savoir comment il faisait pour avoir l'air en forme pendant l'émission, l'acteur a répondu avec panache: «Mais je suis sur scène!»
De son côté, l'épouse de l'acteur a reconnu dans une interview accordée à American TV que «Michael était tout le temps très fatigué, lui qui ne l'était jamais».

Wikipédia révèle le secret de « La Souricière » d'Agatha Christie


L'encyclopédie en ligne vient de dévoiler l'identité du meurtrier de « La Souricière », une pièce de théâtre de la romancière britannique Agatha Christie. Cette révélation fait trembler les planches de la scène du Saint Martin's Theatre, le théâtre londonien qui joue la pièce depuis 1952 et qui demande à ses spectateurs de ne pas révéler le dénouement de l'intrigue.
Depuis plus de trente ans, cette petite salle nichée au cœur du West End propose à ses spectateurs une pièce unique, « The Mousetrap », tout droit sortie de l'imaginaire d'Agatha Christie, reine de l'intrigue sauce british. Ecrite en 1947, « La Souricière » (titre français) est une œuvre inspirée d'un vieux fait divers : la mort, en 1945, d'un jeune homme alors qu'il séjournait chez des fermiers du Shropshire.
Tripatouillant l'affaire, Agatha Christie en fît une pièce moulée parfaitement pour un bon vieux Cluedo en mettant en scène plusieurs personnages sous le toit d'un vieux manoir. Naturellement, l'un d'eux meurt ; naturellement, le meurtrier est parmi le reste de la bande. Ça sent fort le pudding, le chandelier du Colonel Moutarde, le valet de chambre victorien et la moustache de Poirot. Comme on aime.

Pour préserver le secret, un seul théâtre joue la pièce

Rédigée au départ pour être racontée sur les ondes de la BBC, la pièce a finalement été adaptée pour le théâtre en 1952 à Londres, avec notamment Richard Attenborough au casting, mais n'a pas été publiée en Grande-Bretagne.
Depuis, la pièce a été jouée près de 24 000 fois dont une bonne partie sur les planches du théâtre de Saint Martin, qui a acquis ses droits « exclusifs » en 1974. En clair, la pièce ne peut être jouée qu'une fois par an hors les planches du théâtre de West End. Le motif de cette clause : protéger le secret de l'intrigue de « La Souricière ».
Pour préserver au mieux le nom du meurtrier, le Saint Martin's Theatre a recours à un procédé encore plus subtil. A chaque représentation, le public donne son accord pour ne pas révéler les ressorts de la pièce. Une condition qui permet de ne jamais tarir la source de nouveaux spectateurs.
Voguant tranquille sur son succès, le théâtre subit aujourd'hui les maudites affres de l'Internet. Sur le site Wikipédia, la fiche référençant la pièce met à mal le fameux secret en lançant quelques perches permettant de trouver facilement le nom du coupable.
Extrait de la forfaiture dans la version anglophone de la page Wikipédia :
« A la faveur d'un retournement de situation, le meurtrier se révèle être X [nous vous épargnons ici le nom du Mauvais, ndlr] qui en réalité n'est pas un _______ mais un tueur fou dont l'unique but est de venger la mort de son frère. »
Comme une pique adressée à la direction du théâtre Saint Martin, la note explique bien au préalable que « traditionnellement, à la fin de chaque représentation, il est demandé au public de ne pas révéler l'identité du meurtrier. »
L'affaire fait tressaillir le théâtre londonien, tant et si bien que Matthew Pritchard, petit-fils et unique héritier d'Agatha Christie, a demandé à Wikipédia de retirer le brûlant passage de la note :
« Cela a toujours dérangé ma grand-mère de voir que les fils de ses intrigues puissent être révélés dans les journaux -et je ne pense pas que cette situation soit vraiment différente. C'est dommage qu'une publication, si je peux l'appeler ainsi, gâche le suspense de la pièce. »
Le quotidien The Independent, qui relaie les propos du légataire d'Agatha Christie, indique par ailleurs qu'une pétition a été lancée pour demander à ce que Wikipédia retire les lignes incriminées.

Pour Wikipédia, il suffit de « ne pas lire la partie concernée »

De son côté, Wikipédia ne semble pas sourciller face à ces critiques. Pour un dirigeant de l'encyclopédie en ligne :
« Notre objectif est de récolter et de divulguer des connaissances et, dans ce cas, il est extrêmement facile de contourner la vérité sur l'assassin : il suffit de ne pas lire la partie concernée. Demander à Wikipédia de ne pas révéler l'intrigue équivaut à demander à un libraire de retirer de ses rayons les copies de “La Souricière” sous prétexte qu'on pourrait y aller pour lire le final. »
En attendant, pour ceux qui préfèrent ménager le suspense avant d'éventuellement faire le trajet jusqu'à Londres pour voir la pièce, la page française de Wikipédia ne donne aucun indice sur l'identité du meurtrier. 

mercredi 1 septembre 2010

Le Chinatown de la banlieue d'Alger crée des « embrouilles »


Boutique China numéro 152, dans la cité de Boushaki, à Bab Ezzouar, banlieue populaire d'Alger. Une Chinoise sort de son échoppe pour balayer l'entrée. Soudain, une bande d'ados locaux surgit de nulle part et s'en prend à la femme, apeurée : « Donne-moi un bisou », crie la dizaine de jeunes excités. « Voulez-vous coucher avec moi, madame la Chine ? », ajoutent-ils dans un éclat de rire.
Mounir, 17 ans, tente de lui voler un baiser. La Chinoise, la quarantaine, prise de panique, se défend en utilisant le manche de son balai. Elle invite les jeunes à la laisser tranquille. Sinon ? « Ça va mal se finir », prévient-elle en « chinarabe », un mélange de mandarin et d'arabe. Des insultes fusent de part et autre. La commerçante se réfugie finalement dans sa boutique et ferme son immense porte. Devant le nez des adolescents qui continuent à l'insulter.
Scène de tension quasi ordinaire dans le premier Chinatown du monde arabe, où les altercations sont régulières. « Je ne sors jamais sans mon couteau », témoigne le maçon Chu Jung, arrivé en Algérie il y a trois ans.
« Je n'ai pas peur du terrorisme islamique, mais des agressions gratuites dont la communauté chinoise est victime. »
Reste que ce Chinois de 34 ans, qui a quitté son Guangzhou natal, ne regrette pas d'avoir posé ses valises à Alger.
« Les Algériens sont racistes, mais mes affaires marchent du tonnerre ! Dommage que cette violence transforme ce petit paradis du business en enfer. »
Il y a quelques mois, des heurts dans la cité, où les immeubles poussent comme des champignons, ont failli se terminer en bataille rangée. L'ambassade de Chine a rapidement réagi et demandé aux autorités algériennes d'assurer la sécurité et la surveillance de ce gros village abritant plus de 300 familles chinoises.
Résultat : des Chinois reclus dans leur quartier, des Algériens qui veulent les déloger et des patrouilles de police omniprésentes.
Une pure perte, estime Samia. Pour cette Algéroise de la cité Boushaki, l'animosité ne fait que s'intensifier :
« Cela ne fait plus rire personne ici. On ne comprend d'ailleurs pas d'où sortent tous ces migrants asiatiques. Qui leur donne les permis de séjours et les autorisations pour ouvrir des commerces ? Pourquoi louent-ils à des prix exorbitants toutes les surfaces habitables ? »
Mais combien sont-ils ? Les autorités algériennes avancent le chiffre de 40 000 immigrés chinois dans le pays, notamment sur les chantiers de construction. En réalité, ils sont beaucoup plus nombreux. Les médias algériens avancent le chiffre de 100 000 personnes et leur présence est mal comprise dans une Algérie en panne, où le chômage touche 70% des moins de 30 ans.

Et combien de ces immigrés asiatiques résident à Boushaki, une rue bordée d'immeubles et de commerces, perdus au milieu de ce quartier de 100 000 habitants ? Les autorités ne le savent pas. Samia, elle, a sa petite idée : « Ils sont plus de mille. »

Reste qu'ils sont discrets. Dans ce quartier chinois, pas de pagode, ni de lampions rouges… Seuls quelques idéogrammes chinois inscrits en noir sur des murs en briques indiquent la présence d'une communauté étrangère dans cette rue crevassée où les immeubles décrépis succèdent aux boutiques « made in China ».
On y trouve de tout : des pantalons, des sacs à main, des tissus, des appareils ménagers, des sous-vêtements féminins, des jouets pour enfants, des porte-clés, des réveils, des chaussures, de la vaisselle…
Les magasins sont presque tous aux mains de commerçants originaires du sud de la Chine. Les échoppes ressemblent à des entrepôts où une foule d'Algériens cherchent la bonne affaire.
Boutique China numéro 99. Là vit un couple chinois avec un bébé de 6 mois. Sur les murs de leur large magasin sont accrochés des chemises et des rideaux de toutes les couleurs. Au fond de la pièce, deux machines à coudre industrielles prêtes à avaler le tissu. Dans le local, tout est à vendre.
Chez les Ning, le client est au paradis du pas cher. La chemise est cédée à 600 Dinars (6 Euros) alors que dans les souks d'Alger, le même produit coûte six fois ce prix.
Comme les Ning, les commerçants chinois sont très jeunes, ne parlent ni le français ni l'arabe. Lorsqu'un client pénètre dans le magasin, la conversation se résume à quelques gestes de la main. L'un désigne le produit qui l'intéresse ; l'autre griffonne le prix sur un bout de papier. Eventuellement, le dialogue se poursuit autour d'une liasse de dinars. Le paiement se fait toujours cash. Et les grossistes, comme les petits clients, affluent de toute l'Algérie.

Boutique China numéro 55. Lin Yong vend des chaussures et des sacs à main griffés « Giorgio Asmani », « Brada » ou « Louis Fuitton ». « L'imitation est grossière, mais payer un sac 900 Dinars (10 Euros), ça reste une aubaine », reconnaît Dahbia, qui est devenue une inconditionnelle du shopping chinois. Pour cette enseignante, les boutiques chinoises vendent des produits à des prix imbattables.

« Mais les Chinois ne m'inspirent pas confiance. C'est toujours embrouilles et magouilles. »
C'est faux, se défend Lin Yong :
« On sait que les Algériens ne nous aiment pas beaucoup. Mais on va leur donner du temps pour apprendre à nous connaître. On ramène de l'abondance à ce pays. »

 Bai Lee va plus loin. « On va retaper ce quartier », s'enthousiasme ce jeune homme qui étudie la langue arabe à Alger et travaille comme intermédiaire entre hommes d'affaires algériens et chinois.
« On va tout reconstruire, il faut absolument faire découvrir aux Algériens la culture et surtout la cuisine chinoise. Dans quelques années, ce sera ici le plus beau Chinatown du monde arabe. Beaucoup d'argent a déjà été investi. Il y aura des restaurants et des bars très bientôt. Ce sera la Chine dans toute sa splendeur. »
Chu Jung abonde tout en comprenant très bien la surprise des Algériens.
« Ils ne voient des Chinois que depuis cinq ans. Même moi, j'ai vécu un choc en arrivant dans cette société musulmane. Il faut toujours trouver la bonne langue pour communiquer. Parfois c'est difficile. »
« Les Chinois ne sont pas là pour nous, mais pour leur pays », peste un vieux du quartier, qui ajoute :
« Ils ne respectent pas notre religion, ils sont bruyants, ils boivent de l'alcool. Eux et leurs femmes portent des tenues dénudées. »
D'où certaines tensions dans ce quartier contrôlé autrefois par le Front islamique du salut (FIS). D'où aussi ce racisme ambiant.
A deux pas, une dizaine de petits Chinois jouent dans la rue. Ils courent. Rigolent. Se taquinent et profitent du soleil d'Alger. En toute insouciance. La présence chinoise en Algérie est là pour durer.

Adieu, monsieur le Professeur

Parce qu'il avait des lunettes rondes et l'analyse brillante, on l'avait surnommé le «Prof». Vaincu par le cancer, Laurent Fignon est décédé hier à 12h30.
«Valérie Fignon, son épouse, a la douleur d'annoncer le décès de Laurent Fignon aujourd'hui, mardi 31 août 2010 à 12h30, à l'hôpital Pitié-Salpêtrière. Ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité.» Le Tour de force du double vainqueur du Tour de France est terminé.
Touché dans son corps depuis mars 2009 (cancer des voies digestives), Laurent Fignon, 50 ans depuis le 12 août dernier, s'est battu jusqu'au bout. En juillet, chaque jour au micro de France Télévisions, il s'était cramponné, la voix usée, cassée par les traitements, le souffle parfois difficile, mais la passion intacte. «Une ombre plane sur moi. Elle est toujours là. Ne me quitte pas.» Trois mois après avoir appris la nature de son mal («mon médecin m'a annoncé au téléphone que des cellules cancéreuses avaient été détectées; j'étais au volant quand je l'ai appris»), Laurent Fignon avait rendu l'information publique: «Je me suis dit que parler de cette maladie, de montrer que j'allais me battre de toutes mes forces ferait du bien à certaines personnes.» Il avait dit, aussi, «mon corps veut me tuer, c'est ça le cancer, rien d'autre, c'est la traîtrise suprême». Et déjà il était reparti dans de nouveaux projets, comme le développement de ses centres d'entraînement dans les Pyrénées. Parce que champion il était né, champion il a vécu, en champion il allait partir. «Je n'ai pas peur. Mourir est inéluctable. J'y pense. Je ne sais pas dans combien de temps, peut-être dans quelques mois, dans un an ou plus...» C'est arrivé, comme toujours, trop tôt. Hier, à 12h30.
Laurent Fignon, c'était le panache, bien sûr, l'intelligence en course, aussi. Un puncheur offensif et réaliste à la fois. Double vainqueur du Tour de France (1983 et 1984) à moins de 24 ans, il avait été battu pour 8 secondes par Greg Lemond en 1989, lors d'une des plus belles levées de l'histoire de la Grande Boucle. Il avait aussi été privé de victoire dans le Giro (Tour d'Italie) en 1984, parce que, de l'autre côté des Alpes, on avait tout fait pour que triomphe Francesco Moser. Cinq ans plus tard, il prenait sa revanche en ramenant le maillot rose à Milan. «Si j'étais fait pour devenir un champion, je n'étais absolument pas fait pour devenir un homme public», dira-t-il quelques années plus tard, peut-être pour s'excuser de certains mots, de certaines réactions. «Quand j'étais coureur, tout le monde ne m'aimait pas et je m'en foutais. Moi, j'étais un mec honnête, qui disait généralement la vérité.»
La vérité, Laurent Fignon ne l'a pas biaisée quand il a dû parler du dopage (deux contrôles positifs aux amphétamines et à la cortisone): «A mon époque, c'était occasionnel, archaïque. On ne se rendait pas compte qu'on trichait.» Dopage, maladie, mort: le «Prof» a évoqué lui-même le lien hypothétique entre la prise de produits interdits et les conséquences sur sa santé: «Je ne vais pas dire que cela n'a pas joué. Je n'en sais absolument rien. C'est impossible de dire oui ou non. Mais, d'après les médecins, apparemment, c'est non.»
Et avec lui, non, c'était non. Et c'est pour cela qu'on l'adorait ou qu'on le haïssait. Qu'il était même devenu une espèce de monument après ce final du Tour de France 1989: «Le point de basculement de mon histoire, c'est cela. Un jour de tristesse insensée, un jour de défaite monstrueuse, inacceptable. Le seul jour de mon existence où quelques secondes devinrent l'éternité.»
C'est peut-être ce jour de juillet 1989 que les Français l'ont aimé le plus. Parce que, dans sa candeur, il était devenu un géant. Pour l'éternité.

L'Algérien rabaisse et bat les femmes ? « Petit Futé » assume


« Régulièrement, la presse se fait l'écho de maltraitances mais rien n'y fait et il est toujours normal pour un homme algérien de lever la main sur sa femme, sa petite amie, sa fille, sa sœur, etc… » La phrase vous semble un rien stigmatisante ? Elle figure noir sur blanc dans le guide « Le Petit Futé » sur l'Algérie. C'est un riverain qui l'a signalé, après lecture du quotidien El-Watan qui signait lundi 23 août un article outré sur le guide de voyage.
Après avoir tardé à réagir, Jean-Paul Labourdette, directeur de la collection, a rappelé pour dire à son tour son « étonnement » :
« Ce guide a plus de deux ans, c'est sa quatrième édition, il a été relu par nous et validé par le bureau de la censure des autorités algériennes… Je ne comprends pas bien pourquoi El-Watan fait cette polémique aujourd'hui. Pourquoi s'attaque-t-on au “Petit Futé” ? »
Pour désamorcer les critiques qui commencent à poindre, l'éditeur affirme qu'il est au contraire parmi les seuls à « faire la promotion de l'Algérie » - « Le Quai d'Orsay nous l'a même parfois reproché ! »
Parce qu'il assume « ne pas tout peindre en rose », le patron du « Petit Futé » endosse l'intégralité des extraits dénoncés par El Watan qui épingle notamment des phrases comme celles-ci :
- Page 105 : « Le nouveau code de la famille présenté par Bouteflika en mars 2005 est loin d'être satisfaisant. L'idéologie islamiste a complètement assombri le regard des hommes sur les femmes. On voit, mais on ne connaît pas la femme. On ignore ou on en veut à celle qui par sa seule existence vous attirera dans les filets du mal. Comme ailleurs, et peut-être plus qu'ailleurs, les femmes sont souvent rabaissées, voire battues… »
- Page 460 : « Ce qu'il vous faudra chercher à éviter à tout prix, c'est de donner prise aux ragots, l'une des principales activités algériennes, que ce soit dans un petit village ou à Alger ! »
- Page 106 : sur la prostitution  : « A Alger ou à Oran, du Club des Pins aux cabarets les plus miteux en passant par les restaurants, les bars d'hôtel et bien sûr Internet et les sites de rencontres, des dizaines de filles cherchent une vie meilleure malgré les tabous, malgré le hijab facilitant paradoxalement les choses. »
Jean-Paul Labourdette, lui, rétorque qu'il faut « s'intéresser à l'intégralité de l'ouvrage », mais aussi qu'il y a « quand même des réalités » :
« Ça n'a rien de stigmatisant. Je ne vois pas pourquoi l'auteur n'aurait pas le droit d'écrire l'analyse qu'il fait de la société algérienne telle qu'il l'a ressentie. Une partie des extraits critiqués figuraient d'ailleurs dans les éditions précédentes et il n'y a jamais eu de problème.
Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas décrire notre vision. Surtout que des dizaines d'articles dans la presse européenne relatent ces faits, par exemple sur la situation des femmes, la corruption, le système économique du pays. »

D'autres passages, moins immédiatement stigmatisant, continuent d'agiter la polémique. El-Watan épingle par exemple que « Le Petit Futé » souligne l'absence de papier toilette ou le piètre confort du parc hôtelier.
Pour lester sa défense, « Le Petit Futé » assure que les commentaires sur le site d'El-Watan et les échanges sur Facebook sur la sujet donnent raison aux auteurs du guide. Pour Jean-Paul Labourdette, la question principale demeure toutefois :
« Qui et pourquoi s'en prend-on au “Petit Futé” ? »
Le patron du guide précise qu'à l'occasion de la cinquième édition, à paraître d'ici quelques semaines, « deux ou trois phrases seront peut-être modifiées » à la marge, mais pas « ce qui rend compte de réalités factuelles ».

Une dizaine d’arrestations de familles de disparus à Alger

Ce 30 août 2010, à l’occasion de la journée internationale des disparus, les familles de disparus en Algérie, à l’image de celles de tous les continents, sont sorties dans la rue. La répression vécue à Alger ces dernières semaines ne les a pas dissuadées d’organiser un rassemblement pour leurs disparus devant la Grande Poste en plein centre ville. Dans les autres villes du pays, à Oran et à Constantine, des rassemblements ont été organisés respectivement devant le tribunal et la wilaya. A Oran, les familles se sont immédiatement vues confisquer leur banderole et leurs panneaux où étaient revendiquées « Vérité et Justice ».
A Alger, une centaine de proches de disparus ont déroulé une longue banderole « 30 août : journée internationale des disparus », ont lâché des ballons au logo de l’association et brandi haut les photos des disparus. Les slogans ont commencé à s’élever et à attirer l’attention des passants. Plusieurs personnes intéressées ont pu, pour la première fois, s’approcher et poser des questions aux mères de disparus. Le rassemblement a ainsi battu son plein dans le calme, durant trois quart d’heure, profitant de l’absence des forces de l’ordre.
Cependant, ce moment de liberté ne s’est pas plus prolongé. Les policiers, alertés, sont arrivés en force et ont déployé une dizaine de véhicules de police autour de la place. Ils se sont rués sur les parents de disparus avant même de demander à la foule de se disperser. Un des représentants du syndicat SNPAPAP, venu soutenir les familles, a été le premier arrêté après avoir été roué de coups parce qu’il scandait les slogans avec force. En tout, neuf personnes ont été emmenées au commissariat de Cavaignac à Alger : deux pères de disparus, âgés de 80 ans, une mère de disparu âgée de 74 ans, deux jeunes sœurs de disparu, des frères et des fils de disparu.
La journée internationale des disparus n’a, pour les autorités et les forces de l’ordre algériennes, aucune signification. Cette journée symbole dénombre en effet le plus grand nombre d’arrestations de proches de disparus depuis l’interdiction du rassemblement hebdomadaire début août. En Algérie et dans plusieurs pays du monde, des réactions de solidarité émergent et encouragent les familles de disparus à défendre leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et de manifestation pacifique. Elles ne se tairont pas et ne tournerons pas la page, pour la Vérité et la Justice en Algérie.
« Nous avons le droit de pleurer sans nous cacher. Parce qu’aujourd’hui, nous pleurons en nous cachant. Nous ne voulons pas nous cacher. Nous voulons que la face du monde nous voie. Nous sommes là, nous existons. Nous avons imposé notre existence. Et nous continuerons à l’imposer. Personne ne pourra nous faire taire. Personne ne nous effacera de la planète. Personne ne nous dictera notre conduite. Nous ne rentrerons pas chez nous tant que nous n’aurons pas fait la Vérité. Et tant qu’ils ne nous aurons pas rendu nos enfants ».
Alger, 30 août 2010
Nassera Dutour,
Porte-parole
CFDA
--
Collectif des familles de Disparus en Algérie (CFDA)
148 rue du Faubourg St Denis
75010 Paris
00330 (0)1 43 44 87 82

dimanche 29 août 2010

Maroc : Facebook, refuge des « dé-jeûneurs » du ramadan


Le débat sur le droit de ne pas observer le jeûne du ramadan refait surface pour la deuxième année consécutive au Maroc. Alors que l'an dernier, une tentative de rupture de jeûne en public organisée par le groupe Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles) s'était conclue par une quinzaine d'arrestations, cette fois, c'est sur les réseaux sociaux qu'a été lancée l'initiative.
Le blogueur et activiste Najib Chaouki a ainsi crée un groupe Facebook,« Marocains pour le droit de ne pas jeûner pendant le ramadan », afin de lancer un débat public sur l'article 222 du code pénal marocain qui stipule que toute personne notoirement connue pour son appartenance à la religion musulmane peut être condamnée si elle rompt ostensiblement son jeûne pendant le mois de ramadan.
Il explique sa démarche sur Facebook :
« Ce groupe n'appelle pas au non-jeûne du ramadan mais défend les dé-jeûneurs comme faisant partie de la société marocaine ayant le droit d'exercer leur liberté de ne pas observer le jeûne. Pourquoi oblige-t-on le dé-jeûneur à se cacher ? Nous voulons sortir de l'hypocrisie sociale dans laquelle nous vivons. »
Najib Chaouki et ses amis estiment que cet article 222 est « liberticide » et contraire à « la liberté de conscience ». Ils réclament un débat dans la société marocaine sur son abolition.

Pas question de débattre du jeûne sur un plateau télé

Facebook, qui est extrêmement populaire parmi la jeunesse urbaine marocaine, est le seul lieu où un tel débat peut avoir lieu. La plupart des médias marocains, et en particulier audiovisuels, l'ont ignoré ou l'ont traité de manière agressive, et, jugent les organisateurs, de manière « diffamatoire ». Pas question en tout cas de débattre d'un tel sujet sur un plateau de télévision.
Tout en s'inscrivant dans la continuité de l'action de l'an dernier, la démarche de ces « dé-jeuneurs » a donc été différente, s'abstenant de tout initiative concrète comme celle qui s'était mal terminée l'an dernier, alors qu'il ne s'agissait « que » de consommer un sandwich dans un lieu public à midi. La police serait de nouveau intervenue, estiment-ils.
Le groupe initié par Najib Chaouki, également connu sous le nom de « Jeûneurs, non-jeûneurs, tous des Marocains », a préféré la voie du débat, suscitant de nombreuses réactions au sein de l'opinion qui a accès au Web. Le groupe Facebook compte plus de 1 200 membres, pas tous acquis à sa cause puisque certains s'y sont inscrits pour la combattre.
L'ambigüité de l'article 222, que combat Najib Chaouki, porte sur l'appartenance religieuse : il assimile tout Marocain à un musulman, exclut de ce fait les autres minorités du Maroc (à l'exception de la minorité juive), et ne permet pas d'exister en dehors de la religion, puisqu'il ne reconnaît ni les athées ni les agnostiques.
Ce débat, a cherché à attirer l'attention sur la liberté de conscience, considérée comme un tabou dans la société marocaine, ce qui a suscité des réactions parfois violentes. Certaines forces conservatrices ont condamné violemment cette initiative, estimant qu'elle va à l'encontre de la pensée dominante au sein de la société marocaine.
Najib Chaouki et son groupe ont néanmoins reçu certains soutiens, notamment celui de l'AMDH (l'Association marocaine de droits humains). Sans compter le nombre croissant d'individus qui commencent à briser la loi du silence et à afficher leur différence, ainsi que leur refus de l'article 222.