
Un vent nouveau a soufflé sur le congrès mondial du mobile (WMC) qui s'est déroulé cette semaine à Barcelone.
C'est même un raz-de-marée contre le traditionnel absent du Salon, l'iPhone d'Apple. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: 3 milliards d'applications téléchargées (99,4% du marché en 2009), et un magasin fort de 140 000 applications pour 75 millions de terminaux (iPhone et iPod Touch). La fronde s'organise donc sur deux fronts, celui des applications, et celui de la plate-forme qui va les organiser.
Sur le front des applications Les opérateurs mobiles en ont marre de voir le juteux marché des applications leur échapper. En effet, si Apple reverse 70% de la vente au développeur, rien ne tombe dans l'escarcelle de l'opérateur. Au WMC, plus d'une vingtaine d'opérateurs internationaux ont formé une alliance baptisée WAC (Wholesale Applications Community). Leur objectif est de court-circuiter l'App store d'Apple ou l'Android market de Google en fournissant aux développeurs un standard unique pour chaque système d'exploitation. L'idée ne fait pas l'unanimité chez les constructeurs qui ont déjà leur propre place de marché (comme l'Ovi Store de Nokia). On saura dans un an si ce projet n'était pas qu'un coup d'épée dans l'eau...
Sur le front des OS Aujourd'hui, on choisit un smartphone parce qu'il est multifonctions (grâce aux applications) mais d'abord parce qu'il est agréable et facile à utiliser. Cela dépend du système d'exploitation (OS) et les acteurs du marché l'ont bien compris.
Windows se réveille enfin! Steve Ballmer, le patron de Microsoft a présenté avec enthousiasme Windows Phone Series 7. Il ne s'agit pas d'une énième copie de l'iPhone mais d'une interface novatrice. Pas d'icônes alignées sur l'écran, mais des vignettes et des textes cliquables, organisés en six pôles d'intérêt: l'utilisateur, les jeux, l'image, la musique/vidéo, la bureautique, et bien sûr le marché d'applications. Microsoft impose un strict cahier des charges aux équipementiers, ainsi qu'une licence payante. Les premiers appareils ne seront disponibles que vers Noël.
Samsung a surpris en lançant son propre OS Bada (océan en coréen) et l'appareil Wave qui en est pourvu. Les premiers testeurs le trouvent plutôt bien conçu. Wave fait la part belle à l'intégration des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) et les widgets peuvent se disposer sur dix écrans d'accueil. Si Samsung privilégie son «océan», il investit aussi dans des smartphones avec OS Android, et se met sur les rangs pour l'OS Windows Phone 7.
Le système Android de Google a quant à lui tenu le haut du pavé au MWC 2010. Il séduit tous les constructeurs qui avaient l'habitude de travailler avec Windows. Il donne un nouveau souffle aux marques en déclin comme Motorola ou Sony Ericsson, et il ouvre des horizons inespérés aux nouveaux venus chinois comme Huawei ou ZTE. L'avantage d'Android est d'être gratuit et hautement personnalisable. Exemple: le modèle Desire, de HTC, très proche du Nexus One qui avait créé le buzz à sa sortie. HTC a d'ailleurs l'art de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, puisqu'il manufacture des smartphones dans toutes les versions Android ou Windows existantes ou à venir!
Quant à Nokia, c'est la déception. Le leader du marché, qui voit son hégémonie fondre au fil des mois, n'a présenté aucun nouvel appareil. Il s'est contenté d'annoncer un futur OS Meego, en collaboration avec Intel, lequel vient s'ajouter à son OS traditionnel Symbian. Personne n'a compris à quoi il pourrait concrètement servir.
Pour ceux qui attendent de leur téléphone un instrument simple, ludique et pratique, l'iPhone s'est forgé une belle avance. Mais dorénavant, les hordes de concurrents sont à ses trousses.