jeudi 30 septembre 2010

Filmé au lit avec un garçon, il se tue

Filmer peut tuer, vient rappeler un fait divers qui fait grand bruit ce jeudi aux Etats-Unis. Sur le campus de l’université de Rutgers, près de New York, deux étudiants s’étaient amusés pour bien commencer l’année à filmer et mettre en ligne les ébats homosexuels d’un de leurs camarades. « Je l’ai vu embrasser un mec. Yay. » écrivait le 19 septembre l’un des mouchards, Dharun Ravi, sur son compte twitter (les tweets ont été effacés depuis mais gawker les a retrouvés). Et Dharun de donner rendez-vous aux voyeurs pour le soir même : il avait promis à son camarade de chambrée de lui laisser la pièce jusqu’à minuit et s’attendait à un nouveau live show. 
Trois jours plus tard, Tyler Clementi, l’étudiant espionné, âgé de 18 ans, a laissé sur sa page Facebook un dernier message : « je vais sauter du pont gw, désolé ». Sa voiture et ses papiers ont été retrouvées près du pont George Washington, qui relie New York au New Jersey. Deux témoins ont vu une personne se jeter du pont ce soir là. Un corps vient d’être retrouvé. Mercredi, les parents de Tyler ont confirmé le décès, rappelant que leur fils était aussi un violoniste de grand talent. 
Deux étudiants soupçonnés d’avoir ainsi Tyler à se tuer ont été arrêtés, inculpés puis relâchés sous caution. Outre Dharun Ravi, il s’agit d’une autre jeune étudiante de première année, Molly Wei, 18 ans, dans la chambre de laquelle Dharun retransmettait les ébats de son camarade de chambrée. Tous deux encourent une peine maximale de cinq ans de prison pour « violation de la vie privée ».
Les associations de défense des homosexuels rappellent que cette histoire n’a rien de rare. 9 étudiants homo ou bisexuels sur 10 se disent victimes de tentatives d’intimidation lors de leurs études, avait montré une étude du Gay, Lesbian and Straight Education Network en 2007. Les jeunes homos ont aussi quatre fois plus de risques de se suicider que leurs camarades hétérosexuels, indique une autre étude réalisée au Massachusetts. Le site Democracy Now! a compté quatre suicides de jeunes étudiants harcelés à cause de leur homosexualité, rien que ce mois-ci.