dimanche 25 septembre 2011

DOULATE ZBEL (D.Z.) où la dépersonnalisation d’EL DJAZAIR

Par Rochdi Siddiq.... Alger a perdu de sa splendeur au même titre que les autres villes d’Algérie léguées par la colonisation. Les protagonistes de la politique de 1962 allaient s’emparer d’El Djazaïr pour la rebaptiser avec le sigle RADP (notre République Algérienne disent ils démocratique et populaire). Pour parachever le sigle de leur république, deux lettres fatidiques allaient donner toute la signification qu’ils voulaient imprégner à EL Djazaïr, les fameuses D.Z. Doulate Zbel avec une dictature d’usurpateurs qui allait se mettre en place pour tout diriger, tout contrôler, tout réprimer. Les pouvoirs passent d’une main à l’autre dans la continuité sans toucher aux fondements du système répressif. La clé de voûte du maintien du statut quo, c’est l’armée avec le fameux esprit de corps (açabyya) dont parle Ibn Khaldoun, et l’argent, surtout avec les recettes pétrolières où toutes les velléités sont étouffées. Depuis 50 ans il n’y a jamais eu de démocratie politique en Algérie, malgré le passage furtif dans le couloir démocratique en 1989, après la révolte d’octobre, qui a vite été déjoué par l’arrêt du processus car n’arrangeant pas les comptes de pouvoir militaire en place. Les usurpateurs ont instauré un système paternaliste où les décisions engageant l’avenir de la Nation sont prises à l’unanimité au niveau des cercles fermés, sans consultation populaire. Le Peuple est considéré mineur, sans capacité de jugement. Toutes les lois votées et signées depuis 1962 sont contre le Peuple car contre son gré. 50 ans d’usurpation politique et aucune lueur d’espoir pour des millions d’algériens. Le système de « tag âala men tag » n’est pas dans les traditions algériennes. Véhiculer une telle idéologie c’est reproduire le système des bachagas et caïds du temps colonial où on imposait le système donnant-donnant (hadja bjaja). Nos martyrs avaient de grands idéaux pour ce Peuple sinon ils ne seraient jamais sacrifiés en combattant le système colonial injuste et perfide. Ces usurpateurs pensent se maintenir une éternité avec un système pestilentiel arrivé à son terme et comme le dit Dieu dans le Coran « Nous allons les mener étape par étape, par où ils ne savent pas ». Actuellement ils sont en train d’enlever leur « zarb » mais pour le replacer autrement, en qualifiant cet évènement de réformes démocratiques, sans la participation du Peuple, sans véritable opposition et après avoir été sermonnés par leurs maîtres occidentaux. Un pays d’Islam s’accommode de tous les régimes politiques mais il est exigé des dirigeants, et c’est le principal devoir, de ne pas usurper le pouvoir et d’être juste avec leur peuple. Le système d’usurpation politique est fondé sur trois logiques, la force (l’armée) el hogra (autoritarisme) et le mensonge, sans pudeur et sans rendre compte. La dernière trouvaille des gendarmes un slogan digne d’une standardiste répondant au téléphone : la gendarmerie à votre service. Doulate Zbel, les villes sont devenues crasseuses et nauséabondes là où vit le peuple. Les meilleurs corridors sont ceux des endroits officiels où un luxe insultant frappe aux yeux, et qui constituent des endroits infranchissables pour le citoyen lambda. Le précédent ministre de l’intérieur a même préconisé une expertise internationale (propos rapporté par le quotidien liberté à l’époque). Une expertise a eu lieu mais avec le printemps arabe elle allait leur signifiait la puanteur de leur système politique, fermé, verrouillé, cadenassé, m’zareb. Comment se fait il que des endroits jadis du temps de la colonisation, pour parler uniquement d’El Bahdja pouvaient être foulés des pieds par les citoyens, par exemple l’amirauté, le fort l’empereur, la palais du gouvernement, les tagarins, la forêt des planteurs etc. aujourd’hui sont strictement interdits même d’être regardés de près. Tout récemment encore (selon the economist intelligence unit) Alger parmi les 10 villes au monde où il ne fait pas bon vivre. Une des plus belles villes de la méditerranée du temps de la colonisation devenue infréquentable. La crasse, l’anarchie urbanistique, l’absence de commodités. Il est impossible, en cas d’impériosité urinaire, de trouver avec facilité un endroit pour se soulager. Les gens finissent par imiter les animaux en pleine nature, sans pudeur. Heureusement à certains horaires de la journée la mosquée est là pour constituer l’endroit idéal et bénéfique. Mais pour les femmes il n’y a aucune alternative. Dire que dans certains bureaux des « responsables de l’administration » on y trouve tout le confort personnel. Ceci traduit le mépris envers le Peuple pour lequel aucune considération de ses besoins physiologiques n’est perçue. Doulate Zbel que Dieu protège les honnêtes citoyens pour ne pas tomber malade et se trouver à la merci de nos hôpitaux algériens. La plupart du temps les malades passent un véritable cauchemar quand ils échappent à la mort. Outre les mauvaises conditions matérielles, la crasse, le calvaire est conjugué à la maltraitance de certains infirmiers qui subissent le joug des administratifs qui font leur loi parce que affichant au secteur public, où on subit et on se tait. Silence celui qui n’est pas content n’a qu’à aller chez le privé, comme si le privé était à la portée de toutes les bourses. L’organisation de défense des droits de l’enfant a récemment attribué la 81éme place à l’Algérie en matière de système de santé derrière le Botswana, le Sri lanka (dites vous bien) la Tunisie et la Lybie. Il ne faut pas s’étonner les détenteurs du Pouvoir vont se soigner l’Etranger et ils s’en foutent du Peuple. Doulate Zbel pour trouver un logement ou un emploi, il faut se lever de bonheur et rien n’est garanti pour les citoyens lambda. Il y a ceux qui ont plus de logement que d’enfants (un ancien député se vanter d’avoir construit 20 pièces sans avoir d’enfant), et il y a ceux qui ont plus d’enfants que de logements quand ils ne sont pas forcés à occuper des bidonvilles dépourvus de toutes les commodités minimales : eau courante, électricité, et canalisation des eaux usées. Une représentante de l’ONU pour la question du logement à décrié récemment, lors d’une visite en Algérie, les mécanismes et procédures de distribution des logements sociaux, et ses remarques ont démontré le manque de justice sociale dans la distribution des logements dans le pays des usurpateurs de 1962. Ce sont toujours les clientèles du clan dominant et sous clans en orbite qui en profitent sans qu’ils soient inquiéter. El hogra commence dans ces corridors que le Pouvoir n’entend pas se départir, car constituant une source intarissable d’enrichissement sans cause. Un ancien chef de cabinet de wali, se vanter de se servir à chaque nomination d’un nouveau wali. Selon ses propos il en collectionnait une dizaine. Doulate Zbel où le socio culturel, est l’un des plus retardataires du monde. Il y a un ministère culturel, il y a aussi un ministère des affaires religieuses (comme jadis les affaires indigènes) un ministère des affaires sociales etc. et pourtant l’algérien est le moins civilisé au monde. Ses déperditions quotidiennes sont publiques. Il crache par terre, il pisse contre le mur, il débite des grossièretés sans pudeur, il blasphème contre Dieu (phénomène unique au monde). Il brave tous les interdits que vous lui prescrivez, ou ceux décrétés par notre religion. Il n’arrête jamais de pérorer, le silence lui fait peur, le vole, il triche, il médise sur son voisin, il est oisif, il n’a aucune conscience sociale. Sa dérive est elle un tsunami qui va directement vers une centrale nucléaire. Sans réaction des forces sociales positives, il nous mène droit vers la catastrophe, car Doulate Zbel s’accommode de cette catégorie d’individus qui constitue le gros du bataillon populiste. Un Peuple ne peut être éduqué et guidé que par les hommes d’intelligence. Mais cette catégorie est muselée et se trouve à la merci du jeu du système qui se nourrit de son populisme grâce à l’argent du pétrole qui arrose les récalcitrants. Il ne faut pas s’étonner des comportements de la populace, elle fait exactement ce que font les « élites » car ces dernières constituent les exemples à suivre. Doulate Zbel où l’économie devient une course effrénée vers le commerce achat et vente. Tout mouvement émancipateur vers la création d’entreprise productrice de biens manufacturés est désormais contrecarré. C’est l’import/import qui prédomine, tant qu’il y a l’agent du pétrole et l’absence de contrôle populaire sur les recettes et les dépenses du Trésor public. L’algérien devient un consommateur invétéré sans aucune protection des produits importés. Il vénère tout ce qui lui arrive de l’étranger. Aucune personnalité, il est désormais un algérien mlabess et non labess. On fait de lui un homo-économicus impuissant. Il ne sait rien produire sur le plan industriel. Pourtant la force d’une nation repose sur sa capacité industrielle et innovatrice. L’Algérie classée au niveau mondial parmi les pays les moins innovants. Comment peut on innover dans un pays où au plan économique tout s’achète de l’étranger pour être revendu sur le marché intérieur. Le Peuple imite les usages de ces dirigeants. Ceux d’en haut bénéficient de tous les avantages (pratiquement tout leur est gratuit) la populace d’en bas veut la même chose parce qu’elle imite ceux d’en haut. Il n’y a que la classe moyenne qui tente de se maintenir dans les normes des valeurs civilisationnelles : un salaire ou un revenu contre un travail honnête. Nous sommes envahis quotidiennement par une économie informelle de trottoir, dont les seuls produits d’étalage sont ramenés par les barons de l’import qui travaillent à l’ombre. Les usurpateurs sont les premiers bénéficiaires de ce système avec les droits d’entrée, le visible et l’invisible. Tout est fait pour capter la richesse à la source où par redistribution au travers des marchés publics. Le temps est vital dans son utilisation quand on s’érige en politiciens pour servir le Peuple. Mais ne récolte le bien que ceux qui ont fait œuvre de bien. Ceux qui ont trahi ce Peuple et son indépendance doivent être jugés publiquement pour rendre des comptes devant la Nation meurtrie par 50 ans de Hogra et de déliquescence. Je suis témoin que dans ce pays les ennemis du Peuple algérien sont le militaro-politicien, le coiffeur, le commerçant de l’import et le représentant de la culture, et je témoigne mon respect pour les algériens, quelque soit le rang ou le corps dans lequel ils ont exercé et qui ont gardé leurs valeurs sûres intactes. A voir où se dirige le radeau El-Djazaïr (débaptisée Algérie par la France), si ce système doit se maintenir et la dérive s’accentuer, je suis d’accord pour mettre en concession chaque wilaya au profit de chaque pays développé, pour une durée de 99 ans. Le pays rentrera dans un cycle réel, du vrai. Et les tenants du pouvoir pourront conserver leurs prérogatives dans un scénario virtuel : ils ne devront cependant prendre aucune décision. A moins que les algériens authentiques lèvent la tête et remettent notre cher pays sur ses pieds pour lui redonner tout l’espoir d’une société juste, démocratique et prospère pour lequel se sont sacrifiés nos valeureux martyrs. Rochdi Siddiq

vendredi 23 septembre 2011

«Appel du 17 septembre» : Une manip’ d’Etat ?

«Il s’agit d’une machination orchestrée en haut lieu par des proches du Président. Tout a été fait à son insu !» révèle une source proche de la présidence de la République. L’appel lancé sur le réseau social facebook appelant à la révolte, le 17 septembre, contre le pouvoir en Algérie a suscité moult interrogations. Différentes hypothèses ont été avancées sans arriver à mettre la lumière sur cet étrange appel. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire croire à un complot dirigé de l’étranger. Cependant, il s’agirait d’une savante manipulation cuisinée en très haut lieu, dont l’objectif est de désamorcer d’éventuelles révoltes en Algérie en les présentant automatiquement dans l’opinion comme un «complot étranger» ou sioniste. Selon notre source, un actuel conseiller à la présidence de la République a eu recours à un ancien limier du pouvoir pour mener une action des plus audacieuses. Le spin doctor Ce couple aurait fait appel aux services d’une grande agence américaine de communication et de lobbying dirigée par un spin doctor, connu dans le milieu des relations internationales. «La première rencontre a eu lieu à Paris en juin dernier, les deux hommes avaient exposé la problématique à l’expert en communication américain. Il a demandé un temps de réflexion», poursuit notre source. Quelques jours plus tard, le spin doctor aurait pris attache avec les initiateurs, ils se sont donné rendez-vous à Dubaï cette fois-ci. «L’expert a présenté trois plans d’action à ses clients, la campagne intitulée «Appel à la révolte le 17 septembre» a charmé nos deux hommes, pour cela l’expert américain a détaillé les raisons (signification et symbolique des dates) et les objectifs. En parfait connaisseur, l’expert a su établir un diagnostic de la société algérienne, le profil des ciblés et les moyens d’y parvenir, le tout avec son implication directe auprès de certains acteurs politiques de la région pour d’éventuelles déclarations, afin d’étayer la thèse du complot, mais aussi avec la collaboration d’experts en informatique et réseaux pour effacer toute trace des adresses IP et de géolocalisation», explique notre source. Ce qui explique les déclarations du dirigent libyen du CNT : «Il y aura un révolte le 17 septembre, je pense !» Ou encore la déclaration d’un ministre marocain en réponse à la question de l’implication du Maroc dans cette affaire. Selon une source à la direction Afrique du Nord-Moyen-Orient de facebook, cette page a été boostée : «Je pense que tout cela a été fait avec la collaboration de quelque technicien de notre plateforme, puisque le lien promotionnel de la page apparaissait systématiquement à tous nos adhérents DZ. Je peux vous confirmer qu’une transaction commerciale avec notre direction n’a pas été faite, néanmoins ce genre d’opération peut être réalisée ailleurs, notamment aux Etats-Unis à notre QG.» «D’après les analyses fournies par mes collègues, il y avait un flux anormal sur cette page, alors qu’il ne s’agit pas d’un lien commercial ; je pense que cela a été programmé ailleurs», confie notre source de facebook. Nous avons tenté d’obtenir officiellement des informations de la direction de facebook, mais il n’y a eu aucune réponse à nos appels incessants et emails. Et des hackers Pour revenir à la «campagne» du 17 septembre, les deux initiateurs auraient, selon toujours la même source à la Présidence, chapeauté un plan d’action interne, des hackers ont été engagés pour s’attaquer au site internet d’Al Jazeera, à sa page facebook. Des pseudo-internautes ont été aussi engagés dans cette opération, le tout relayé par une campagne effrénée dans la presse proche du pouvoir. Depuis le mois d’août, nous avons assisté à une campagne sans relâche contre Al Jazeera et le CNT libyen. Mais le philosophe français Bernard-Henri Lévy a été sans doute la cible de cette campagne basée sur le «complot sioniste». «Tout le monde a été mené en bateau, même le DRS aurait été trompé dans cette histoire dirigée en catimini. Des réunions intenses au sommet ont eu lieu dans toutes les directions des services de sécurité pour parer à d’éventuels dérapages ou mouvements de foules. Aucun responsable politique ou sécuritaire n’a été mis au courant de cette opération», atteste notre source. Pourquoi a-t-on joué avec le feu et mis en danger la sécurité nationale ? «Le plan d’action livré par le spin doctor avait toutes les chances d’aboutir, puisque la stratégie repose sur la haine du juif et des sionistes, vous savez ce que cela signifie chez nous. Les médias et les appendices du pouvoir ont dopé à coups d’articles antisémites les Algériens, jusqu’à rejeter cet appel puis il y a eu la contre-révolte sur les réseaux sociaux, la presse et même dans les discussions de rue», analyse notre source. Les services de sécurité, tous corps confondus, ont alors traqué des internautes comme ceux de Djelfa ou de Belle-Vue à El Harrach. D’autres convocations et interpellations ont eu lieu un peu partout sur le territoire national. L’opération réussie, une fête aurait été organisée dans une villa sur les hauteurs d’Alger… La main de l’étranger s’avère bien de chez nous !

Le régime algérien craint que l’armée bascule du côté du peuple

L’évidence est aveuglante, en effet. Ce régime est en fin de ressources, et il le sait lui-même. Mais lui est aveuglé par les propres tares, la voracité, et la mégalomanie de ses barons. Aujourd’hui, épouvanté par les révolutions populaires qui ont fait vaciller, puis s’effondrer les régimes despotiques voisins, ce régime, plutôt que de prévenir une révolution violente, et de se résigner à rendre les clés de la maison, à son véritable propriétaire, le peuple algérien, il n’est préoccupé que d’une seule et unique inconnue: chercher à savoir, coûte que coûte, ce que sera la réaction de l’armée en cas de soulèvement populaire, et se la concilier, par tous les moyens. C’est pour cela qu’il a très mal perçu la réaction des armées tunisienne et égyptienne. Il aurait voulu que celles-ci tirent sur les manifestants, qu’elles les empêchent de chasser les despotes qui les broyaient. Aujourd’hui, il n’est obnubilé que par cette question. Rien ne le préoccupe davantage. Parce que hormis cette inconnue, il croit avoir pris toutes les précautions utiles. Les effectifs sécuritaires, entre policiers, gendarmes et miliciens, qu’il a alignés pour une répression programmée dans ses moindres détails, les augmentations de salaires exorbitantes, avec effet rétroactif sur trois années, qu’il a consenti à tous les policiers, gendarmes et militaires, les armements et une batterie ahurissantes de moyens qu’il a mis en place, pour réprimer toute velléité populaire de soulèvement, ne souffrent que d’un seul impondérable: La réaction de l’armée. Et les rumeurs qui circulent depuis plus de deux mois, dans des milieux d’officiers algériens ne sont pas pour le rassurer. Des milliers d’officiers font savoir, en effet, à leur manière, et au sein de leur propre institution, que le régime ne devra pas les solliciter pour faire tirer sur la population, et que bien au contraire, s’ils estiment que le peuple est l’objet d’exactions qui passent la limite de la légalité, leur camp naturel serait du côté de leur peuple. Comme en Tunisie, et comme en Egypte. Et c’est là le principal problème de l’heure pour le régime, le seul et le plus important en l’occurrence, qui est totalement tabou, et qu’aucun média n’a seulement évoqué, serait-ce par allusion. C’est cela en effet le problème qui empêche les barons du régime de dormir, et qui les pousse à des attitudes qui frisent la panique, comme de déplacer leurs capitaux des banques américaines et européennes pour les placer dans les pays du Golfe, au Venezuela et autres pays receleurs. En ce moment même, il règne au sein de l’armée algérienne un climat de chasse aux sorcières, où le DRS joue le même rôle que dans les années 90 où il lançait des traques qui finissaient souvent en assassinats, contre tous les officiers suspectés seulement d’avoir des sympathies islamistes. Aujourd’hui il n’a plus les moyens de ses turpitudes, et il ne peut plus faire assassiner une majorité de jeunes officiers. Trop nombreux, en une période qui n’est plus aussi permissive que pendant la décennie rouge. Mais il tente de leur faire peur, en même temps qu’il tend la carotte aux plus charismatiques d’entre-eux. Mais tant va la cruche à l’eau. Lorsqu’un régime s’est imposé par la peur et le carnage, et qu’il ne peut plus se livrer à de telles extrémités, ceux qui se taisaient, ou qui se terraient, parce qu’ils craignaient pour leur vie, s’enhardissent et se manifestent de plus en plus ouvertement. Et ceci entraînant cela, le nombre des officiers qui affichent leur ralliement à leur seul peuple, comme on brandit un étendard, devient de plus en plus massif. Le régime est effrayé C’est cela qui a jeté l’effroi dans le cœur des barons du régime. Car l’armée était leur principale garantie de survie. Aujourd’hui, ils ne craignent pas seulement que l’armée ne se range pas de leur côté, contre le peuple, mais ils savent, sans l’ombre d’un doute, que si le soulèvement est massif, l’armée algérienne serait à l’avant garde de la révolution. C’est cela le nombre d’or de la formule, si je puis dire. Et c’est pour cela qu’il nous faut multiplier les appels à nos frères officiers, sous-officiers et hommes de troupe.De leur engagement à nos côtés dépend la suite des évènements. Il suffirait qu’ils fassent connaître massivement leur intention de rallier la cause du peuple pour que ce régime abdique. Car les exemples des despotes qui ont été balayés sont là pour lui rappeler qu’il est de son intérêt, celui des barons qui le composent, de leurs clientèles et de leurs parentèles, qu’ils remettent les clés de la maison à son véritable propriétaire. De façon franche et irrévocable. Sans chercher à tergiverser, ni à ruser. Le temps n’est plus au replâtrage, mais à la démolition de tout l’édifice mafieux, et à l’avènement d’un Etat de Droit. Ces barons du régime peuvent épargner au pays, et surtout à eux-mêmes, de lourdes conséquences. Les situations comme celles que vit notre pays, lorsqu’elles dégénèrent, peuvent devenir incontrôlables. Elles peuvent déboucher sur des tragédies immenses. C’est à eux qu’il appartient aujourd’hui de rendre ce pays à son peuple. Il leur sera tenu compte de cette sage résolution, si elle se produit. Et ils pourront peut-être jouir du fruit de leurs rapines, si le peuple le leur permettra, pour avoir su éviter de faire couler son sang. Sinon, le peuple algérien et son armée sauront qui aura été le principal responsable de toute tragédie qui viendrait endeuiller, encore une fois, les Algériens. Et ils sauraient que toutes les souffrances inutiles qui auront été infligées au peuple n’auront été dictées que par le désir de s’accrocher au pouvoir, juste pour pouvoir continuer à piller le pays, au prix d’un fleuve de sang. A Dieu ne plaise ! Par Djamaledine Benchenouf

mercredi 1 juin 2011

Il voulait tester son courage, il meurt enterré vivant


Il avait demandé à un ami de l’enterrer vivant une nuit afin de prouver son courage et mettre à l’épreuve sa résistance: un habitant de Blagovechtchensk sur l’Amour, en Extrême-Orient russe, est mort au cours de cette étrange expérience.

Un Russe est mort après s'être fait enterré vivant pour tester son courage. "D’après son ami, cet homme de 35 ans qui voulait tester sa résistance lui a demandé avec insistance de l’aider à passer une nuit enterré vif", a indiqué Alexeï Loubinski, du Comité d’enquêtes local.

Les deux hommes ont creusé une fosse dans un jardin et y ont placé une sorte de cercueil de leur fabrication équipé de tuyaux assurant la ventilation, a-t-il ajouté. La victime s’est installée dans le cercueil avec une couverture, une bouteille d’eau et un téléphone portable.

Ayant recouvert la fosse de planches de bois et de 20 centimètres de terre, l’ami de la victime est rentré chez lui après avoir reçu un coup de téléphone rassurant en provenance du cercueil. Le lendemain matin, il a ouvert la fosse et y a retrouvé un corps sans vie.

Selon l’enquêteur Loubinski, une violente averse s’étant abattue sur la région pendant la nuit, l’eau de pluie a pu obstruer les tuyaux de ventilation.

L’été dernier, un habitant de la région de Vologda (nord) était mort asphyxié après s’être fait enterrer volontairement pour "se débarrasser de la peur de la mort".

Plusieurs témoignages enthousiastes racontant des expériences similaires, qui ne connaissent pas toutes une fin tragique, ont été publiés dans la blogosphère russe, sans qu’il soit possible de vérifier l’authenticité de ces récits.

mercredi 11 mai 2011

C'est prouvé, hommes et femmes vivent en décalage horaire


Selon des chercheurs américains et français, l'horloge biologique des femmes avance plus rapidement que celle des hommes, une différence qui pourrait expliquer pourquoi les femmes ont tendance à se lever et se coucher plus tôt.

Une équipe américaine, en collaboration avec un chercheur de l’Inserm (France), vient de montrer que l'horloge biologique des femmes avance plus rapidement que celle des hommes, une différence qui pourrait expliquer pourquoi les femmes ont tendance à se lever et se coucher plus tôt.

Indispensable à la vie de tous les organismes vivants, l’horloge biologique circadienne permet de rester synchronisé à la journée de 24 heures définie par l'alternance du jour et de la nuit.

Toutes les grandes fonctions biologiques sont, directement ou indirectement, contrôlées par ce système : le cycle veille-sommeil, le système cardiovasculaire, digestif et immunitaire mais aussi les sécrétions hormonales, les performances cognitives...

La vitesse de l’horloge n’est pas exactement la même pour toutes les espèces. Chez l'Homme, le cerveau la règle entre 23h30 et 24h30. Tous les jours, le cycle lumière-obscurité corrige, selon les individus, l'avance ou le retard par rapport à la durée du jour de 24 heures.

Des chercheurs d’un laboratoire américain (Harvard Med School, Boston) ont mesuré la longueur du cycle de l'horloge circadienne de 52 femmes et 105 hommes, âgés entre 18 et 74 ans.

Les participants ont été observés entre 2 et 6 semaines, dans un environnement spécial, en l'absence d'informations temporelles, pour déterminer la vitesse du cycle de leur horloge circadienne.

En collaboration avec Claude Gronfier (Institut national de la santé et de la recherche médicale - Inserm), l’équipe américaine a montré que l'horloge biologique des femmes est plus rapide que celle des hommes: la durée du cycle circadien des femmes est, en moyenne, plus court de 6 minutes par rapport a celui des hommes.

Les chercheurs ont conclu que les femmes ont 2,5 fois plus de chance que les hommes d'avoir un rythme circadien de moins de 24 heures. Un décalage par rapport à la durée du jour qui nécessite un réajustement quotidien de l’horloge.

"Ce résultat pourrait expliquer pourquoi les femmes se réveillent en moyenne plus tôt", a expliqué Claude Gronfier: si le réajustement n’est pas effectif, l’horloge des femmes prend de l’avance chaque jour, et elles ont envie de se coucher et de se lever un peu plus tôt que la veille.

La désynchronisation entre l’heure biologique et l’heure réelle du coucher pourrait aussi expliquer pourquoi l’insomnie touche plus de femmes que d’hommes, selon le chercheur.

Les résultats de cette étude ont été mis en ligne sur le site de la revue américaine PNAS.

mardi 22 mars 2011

Chávez paiera cher son soutien à Kadhafi



Le quotidien antichaviste El Nacional se déchaîne contre le soutien apporté par Hugo Chávez au colonel Kadhafi. Pour lui, le gouvernement "portera à jamais les stigmates" d'une telle prise de position.

Le président de la République [Hugo Chávez] a exigé que soit mis fin aux "bombardements aveugles" en Libye. A qui s'adressait-il ? Au Conseil de sécurité des Nations unies, qui a discuté pendant une longue semaine avant de prendre sa décision ? Ou à son ami et conseiller en matière d'éternelle réélection, le colonel Muamar Kadhafi, qui depuis un mois massacre ses opposants sur tout le territoire libyen ? Il semblerait que, pour le gouvernement bolivarien [du Venezuela], la notion de victimes civiles ne s'applique qu'aux êtres humains résidant dans les zones que le dictateur libyen contrôle encore.

Ainsi, à en croire le président Chávez, les habitants des zones qui se sont soulevées contre le pouvoir libyen n'ont pas le statut d'êtres humains et peuvent dès lors être bombardées par les forces fidèles au dictateur. Autrement dit, nous devons tous applaudir ce massacre systématique.

Si l'on suit le raisonnement inhumain du gouvernement chaviste, les villes libyennes insurgées ne peuvent pas ni se défendre, ni demander l'aide internationale, car ce faisant elles trahissent leur chef suprême. Les opposants doivent mourir en silence dans ce pays-prison qu'est la Libye. Vouloir s'enfuir vers la liberté revient à soutenir l'impérialisme.

Que soutient sans vergogne le gouvernement chaviste ? Plus de quarante années d'un régime qui, décennie après décennie, a confisqué la manne pétrolière au profit de la famille Kadhafi, de ses amis et de la haute hiérarchie militaire. Ils sont tous pourris de pétrodollars et devraient déjà être sur la liste rouge d'Interpol. Mais ils survivent en se disant assiégés par l'impérialisme.

Notre président complice ne dit rien et n'ose rien dire des scandaleuses fortunes que les enfants du dictateur Kadhafi ont amassés et placés à l'étranger dans des banques capitalistes. Des fortunes qui pourraient améliorer le sort de ces dizaines de milliers de jeunes qui descendent dans la rue pour réclamer un avenir meilleur. Selon les banques étrangères, cette corruption monumentale atteint des sommes jamais vues. En gardant le silence à ce sujet, le gouvernement vénézuélien et ses principaux porte-parole se rendent solidaires de ce gigantesque détournement de fonds publics qu'a connu la Libye.

Quoi qu'il arrive, lorsque les événements se décanteront et qu'une solution consensuelle au problème libyen se dégagera, le gouvernement vénézuelien portera les stigmates de son soutien à un immense système de corruption qui, de toute évidence, ne pouvait qu'alimenter la rébellion contre le régime.

lundi 21 mars 2011

Ni Bouteflika, ni DRS : il faut tout changer !

Alors que le pays dérive dangereusement, il n'est même plus possible de lister les mouvements de protestations à travers le territoire national, le régime algérien continue de s'enfoncer dans une fuite en avant presque irréelle.

Face aux manifestants qui envahissent les rues, aux citoyens qui bloquent les routes et occupent les institutions, le pouvoir, n'a plus d'autre solution que de céder sur tout et à tous. A peine un mouvement de revendication s'organise t-il et se montre t-il sur la place publique, que le régime accède immédiatement aux revendications.

Cette démarche, a eu pour effet, de multiplier les revendications. Se rendant compte de la faiblesse du régime, les citoyens, partout à travers le territoire national, les corporations, les catégories sociales, les chômeurs, les étudiants, les corps d'Etat, affichent leurs revendications et exigent leur satisfaction immédiate. Apeuré, le régime se contente de signer des chèques, jour après jour, en puisant dans les caisses de l'Etat, de manière totalement chaotique et irréfléchie. Il le fait, le plus souvent, dans la précipitation, sans même ouvrir de négociations. Cette situation est, de toute évidence, intenable.

Face à cette situation hautement préjudiciable pour l'Algérie, de nombreuses voix tentent de proposer des scénarios et des plans pour sortir le pays de ce blocage et entamer une démocratisation réelle. Certains, notamment l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, appuyé par le FFS de Hocine Ait Ahmed, préconisent une « solution négociée » avec le régime en n’exigeant pas, comme cela s'est fait en Tunisie et en Egypte le départ du chef de l'Etat, symbole du régime.

Il est vrai, comme l'a indiqué Mehri, que le départ de Bouteflika ne règlera pas tout. Si ceux qui l'ont choisi et imposé au peuple, préservent ce « pouvoir », il leur sera facile d'en ramener un autre, plus obéissant et éventuellement de le « sacrifier » à nouveau, s'il lui prenait l'envie de s'émanciper. C'est ce « pouvoir », qui appartient au peuple, qu'il faut récupérer.

S'il n'est pas la totalité du régime, Bouteflika en est l'incarnation publique. De plus, c'est lui qui a verrouillé la vie politique dans le pays. C'est sous son règne que les médias, qui avaient gagné en indépendance après octobre 1988, y compris les médias publics, ont été en quasi-totalité repris en main. C'est également sous son règne, ceci restera dans l'histoire, que la corruption a atteint un niveau jamais vu dans notre pays. Enfin, c'est Bouteflika qui a trituré la constitution pour, s'offrir la possibilité d'une présidence à vie, ramenant l'Algérie ( qui était le seul pays de la région à limiter les mandats présidentiels à deux) au même niveau que toutes les autres dictatures arabe. Cela lui a permis, au passage, d'élargir ses attributions, jusqu'à devenir l'unique détenteur des pouvoirs exécutifs, sans avoir à rendre de compte à personne. Pour toutes ces raisons et bien d'autres qu'on ne peut énumérer ici, Bouteflika doit partir.

Ceci dit, Bouteflika n'a pas fait, tout cela, tout seul. Il s'est appuyé sur ce que « El Watan » a judicieusement qualifié d « armature » du régime, c'est à dire, la police politique, plus connue sous l'appellation DRS. Il faut d'abord savoir que le DRS ( département de la sécurité et du renseignement) exécute des missions diverses. C'est l'un des services de renseignements les plus centralisés au monde, d’où sa puissance. Aux cotés de missions légales, que tout Etat est en droit d'avoir, pour assurer la sécurité du pays, comme l'espionnage, le contre-espionnage et la sécurité militaire, le DRS exécute aussi, des « missions » de police politique, non pas cette fois-ci, pour protéger le pays mais pour contrôler la société, et au bout du compte, protéger le pouvoir de la colère de la population.

Que les services de renseignements écoutent ou surveillent des personnes suspectées de porter atteinte à la sécurité du pays, d’intelligence avec une puissance étrangère ou encore dans des affaires de terrorisme, relève de l'une de leurs missions classiques. Encore faudrait-il, que cela se fasse sous le contrôle du pouvoir exécutif, et sous le contrôle, à postériori du parlement, élu par le peuple. Mais que ces services surveillent, écoutent et infiltrent, par exemple, des militants politiques ou des militants des droits de l'homme, des journalistes et des syndicalistes ou tout autre citoyen algérien en raison de sa participation à la vie publique dans son propre pays, relève d'une pratique illégitime et de toute façon anticonstitutionnelle. Dans son article 36, la constitution indique clairement que « la liberté de conscience et la liberté d'opinion sont inviolables ». L'article 41, reconnaît, tout aussi clairement, que « les libertés d'expression, d'association et de réunion sont garanties au citoyen ». Les articles 42 et 43 garantissent respectivement « le droit de créer des partis politiques » et « le droit de créer des associations ». L'article 33 enfin, va même plus loin et stipule nettement que les citoyens ont le droit de défendre de manière « individuelle ou associative » leurs libertés individuelles ou collectives ».

C'est donc, en recourant à l'illégalité que le régime, dans ses composantes militaires et civiles, se maintient et étouffe la société.

C'est dans le pur style de manipulations occultes, que des rumeurs, savamment distillées dans certains médias, annoncent des discussions au sommet de l'Etat au cours de « réunions secrètes ». Autrement dit, les mêmes qui sont au pouvoir, qui ont lamentablement échoué à tous les niveaux, seraient en train de concocter des plans et des scénarios pour l'avenir.

Comment négocier avec un régime dont le fonctionnement intrinsèque consiste en permanence à empêcher les citoyens d’exercer leurs droits. Comment négocier avec les dirigeants d'un régime, une issue démocratique, alors qu'ils considèrent le concept « de démocratie et de liberté » comme une menace. La seule négociation éventuelle à avoir, pour que les choses se passent pacifiquement, concernerait les modalités de départ de ce régime.

Dès lors, il faut dire clairement les choses, même le vocabulaire doit changer. Le peuple algérien a le droit et le devoir de renverser ce régime illégitime qui s'impose à lui, dilapide ses richesses et maltraite son peuple.

dimanche 6 mars 2011

Lettre ouverte au général régnant de l’Algérie, Mohamed Médiène : « DRS, dégage ! »

par Habib Souaïdia, auteur de La Sale Guerre, Algeria-Watch, 5 mars 2011

Mon général, je veux vous signifier par la présente que votre règne mortifère est à bout de souffle. Que le monde a changé, que la situation politique et sociale de l’Algérie a changé, que les Algériens ont changé depuis 1992. Les Algériens n’ont plus peur de l’épouvantail islamiste que vous brandissez à chaque occasion pour soumettre le peuple. Au cours des vingt ans que vous avez passés à la tête du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), l’Algérie a payé le prix fort du sang et des crimes économiques et sociaux. Vous êtes le principal responsable des maux de notre pays.

Votre régime de terreur doit prendre fin. Vos jours ont été déjà comptés et vous appartenez désormais au passé. C’est ce qui me permet de vous suggérer de vous rendre à l’évidence et de préparer en douceur votre départ pour éviter un autre bain de sang. Aujourd’hui, vous êtes vieux et malade, vous appartenez à un monde révolu qui n’est plus celui de l’Algérie réelle, celle d’une jeunesse majoritaire et en révolte. C’est pourquoi votre tentative actuelle d’opérer un ravalement de façade de votre système de pouvoir, avec l’aide de pseudo-démocrates, serait un autre crime contre le peuple algérien.

Il est trop tard pour un « ravalement de façade » de votre régime
Pour accaparer à votre profit et à celui de vos obligés les richesses du pays, les revenus de son gaz et de son pétrole, vous avez utilisé votre police politique afin de maintenir notre peuple dans la misère et la hogra. Et vous avez fait torturer et tuer des dizaines de milliers d’hommes et de femmes. La gégène et le chiffon sont devenus vos instruments ordinaires de pouvoir, faisant de vos agents autant de criminels – souvent devenus des psychopathes et des névrosés.

Votre gestion du pays est devenue si désastreuse qu’on peut se demander s’il pourra retrouver un jour ses lettres de noblesse, le respect et sa place éminente dans la sphère des nations. Et si le sort que vous lui préparez n’est pas celui de la Somalie. Vous avez, paraît-il, déclaré à Bouteflika, à Saïd Sadi et à l’ex-Premier ministre Mouloud Hamrouche que « l’Algérie va mal », le DRS ayant fait un sondage auprès du peuple algérien pour mesurer le mécontentement de la rue. Mais les Algériens n’ont pas besoin de sondages du DRS ou de tout autre organe du pouvoir pour connaître leur désarroi. La misère sociale et le sentiment d’injustice s’étalent dans les rues depuis des années. C’est pourquoi les émeutes de janvier 2011 vous ont fait paniquer : plus violentes et massives que celles qui secouent presque quotidiennement le pays depuis dix ans, elles vous ont amené à tenter de « prendre les devants », parce que, en effet, vous risquez gros.

Il y a trois sortes de généraux dans le monde arabe, selon leur place dans l’appareil de pouvoir. Il y a la version des régimes de Ben Ali ou Moubarak, qui n’ont jamais eu affaire à une révolte de grande ampleur de la rue : pris de panique, ils ont multiplié les discours pour tenter de calmer le peuple et de négocier, avant de vouloir faire sortir l’armée dans la rue pour faire peur – mais ses chefs sont restés en retrait. Et il y a la version Nezzar ou Kadhafi, ceux qui ne parlent pas, mais qui tirent sur la foule à balles réelles quand elle les menace. Vous incarnez sans doute la troisième catégorie, variante perverse de la précédente : après avoir usé de la pire violence, avec votre coup d’État de 1992 et le « fleuve de sang » qui a suivi, vous avez instauré la manipulation et le mensonge pour « gérer le peuple ». Pour tenter de mater le peuple qui bouge, le peuple qui vibre, le peuple qui se révolte, le peuple qui hurle son besoin de démocratie, vous avez organisé le simulacre d’une opposition entre des partis clonés et un président cloné.

Depuis votre coup d’État de 1992, on ne voit plus le bout du tunnel. Chaque jour apporte son lot de désolations. Rien n’a changé. Pire, on assiste dix-neuf ans plus tard à un reformatage de la vie politique pour remettre en selle des barons qui ont violé l’intimité de ce pays à la place d’un autre déclinant. Mais tenter un ravalement de façade avec un Mouloud Hamrouche, un Saïd Sadi ou un autre, par des manœuvres déjà mille fois vues pendant les années noires ne changera rien à l’aspiration du peuple au changement radical de la République.

Le peuple algérien ne se contentera pas du départ de Bouteflika, il veut la fin de la police politique qui l’a amené au pouvoir. Et le prétendu bras de fer qui oppose la façade du « pouvoir » algérien incarné par ce dernier à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNDC) n’est certainement pas la voie pour y parvenir. Certes, au sein de la coordination, il y a des hommes et des femmes qui méritent le respect de tous les Algériens. Mais on pourrait faire remarquer, au regard de sa faible capacité de mobilisation, que cette coordination comprend aussi des éléments visant clairement à tirer vers le bas le mouvement de révolte et qui se distinguent par leur complaisance avec vos desseins.

Car hélas, vos agents sont partout. Pour vous maintenir au pouvoir, vous avez choisi en effet de vous appuyer sur votre police politique, ciment principal d’une alliance rentière et prédatrice, qui a gangrené tout le système politique algérien. Preuve en est le vide politique créé par une décennie sanglante durant laquelle le DRS, par son entreprise de destruction, a privé le pays de toute expression démocratique.

L’intolérable impunité des généraux criminels à la tête de l’ANP
En janvier 1992, une partie du peuple algérien pensait renouer avec l’espoir après le retour du président Boudiaf, puis elle a assisté six mois plus tard à son assassinat en direct. Votre justice aux ordres a ensuite qualifié l’assassinat d’« acte isolé », mais les responsables des services de renseignement chargés de la protection du président ont été promus et mutés vers d’autres unités. Mohamed Boudiaf a payé de sa vie son refus de jouer le jeu de votre mentor, le général Larbi Belkheir. Boudiaf était l’une des figures de la révolution algérienne, mais son histoire ne l’a pas protégé contre vos ambitions : vous avez oublié ce qu’il a été avant, pendant et après la révolution. Puis fut le temps de Liamine Zéroual, un général que vous avez « bricolé » dans vos laboratoires pour en faire un président ; et, encore une fois, cela n’a pas marché. Son mandat s’est achevé avec les massacres de masse de 1997, instrumentalisés par vos services pour le déposer définitivement.

Mon général, sachez que l’intolérable impunité des « forces de l’ordre » a ébranlé le pays au plus profond de son âme. Car elle dit l’extrême violence, la corruption et le chaos qui règnent dans l’Algérie d’aujourd’hui. Pour mesurer l’ampleur du mal, il faut connaître le niveau d’implication de la nouvelle hiérarchie militaire dans les crimes contre l’humanité commis durent la « sale guerre » des années 1990. Toute la chaîne du commandement militaire actuel est composée de criminels, jusqu’au sommet. De surcroît, chacun « touche » à chaque étage, et chaque fois plus. C’est pourquoi un poste élevé au ministère de la Défense et à l’état-major se vend à celui qui à bien « bossé » dans les unités de « lutte antiterroriste ».

Cette lutte antiterroriste, qui a transformé progressivement chaque soldat en animal, a aussi transformé des sous-lieutenants et des lieutenants en lieutenants-colonels. Et elle a promu des chefs de section en commandants de régiment, des lieutenants-colonels en généraux-majors, commandants de région militaire ou commandant des forces terrestres. Et à chaque fête nationale, la presse algérienne nous a gavés des noms d’assassins promus à des grades supérieurs – des hommes que mes années de jeune officier en exercice dans les forces spéciales, de 1990 à 1995, m’ont parfois permis de connaître de près.

L’un de ces militaires, aujourd’hui général-major et commandant des forces terrestres – le second dans la pyramide après Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée – est le général-major Kadour Bendjemil. Cet artilleur, originaire d’Annaba, n’a cessé depuis son arrivée au commandement fin 1993, de se mouler dans le personnage militaire d’un homme qui ne recule devant rien. À l’époque, sa rage purificatrice n’a épargné personne dans son secteur d’intervention de Bouira (le « SOB »). Il a alors constitué une sorte de garde prétorienne composée de quelques officiers et sous-officiers de l’ANP et d’officiers du DRS, pour, d’après ses dires, « rétablir l’ordre » : au hasard des rafles qui avaient lieu, le jour dans les rues, la nuit dans les maisons, de jeunes Algériens étaient entassés dans des fourgons banalisés, enchaînés pour terroriser la foule et montrer comment l’armée traitait ses ennemis. Et beaucoup de soldats, de sous-officiers et d’officiers ont également perdu la vie à cause de la fameuse règle militaire selon laquelle le chef a toujours raison, même s’il a tort.

D’autres noms ? La liste est longue, mon général, de vos officiers criminels occupant aujourd’hui les plus hauts postes de notre ANP ! Je pourrais en citer, hélas, des dizaines… Comme le général Abdelkader Benzerkhoufa, ex-commandant du 11e RIM, régiment d’infanterie mécanisé stationné entre 1993 et 1997 à La Gare Omar (Bouira). Ou le général Noureddine Hambli, parachutiste commandant du 25e régiment de reconnaissance, l’un des responsables du massacre du 5 octobre 1988 à Alger. Ou encore le général-major Habib Chentouf, aujourd’hui commandant de la 1re région militaire ; le général-major Omar Tlemçani, commandant de la 2e région militaire, ex-commandant du 4e régiment de parachutiste (4e RAP) ; le général-major Amar Athamnia, 3e et 6e région militaire, ex-commandant du 12e régiment de para-commandos (12e RAP) ; le général Maamar Boukhenoufa, commandant du régiment d’infanterie mécanisé stationné à l’époque à Dar El-Beida ; le général Tirech, ex-capitaine à l’Académie militaire ; le général Rachid Guetaf, le général Abed Litim, commandant parachutiste, ex-capitaine aux 4e et 18e RAP, aujourd’hui commandant de l’École d’application des forces spéciales à Biskra ; le général-major Saïd Chengriha, ex-commandant de la 1re division blindée puis commandant de la 8e division blindée, aujourd’hui commandant de la 3e région militaire ; ou aussi les pires criminels que sont le général-major Mhenna Djebbar, ex-commandant du CTRI de Blida aujourd’hui chef de la DCSA, le général-major Bachir Tartag ou le général-major Abdelrazek Chérif, parachutiste commandant de la 4e région militaire.

Tous ces généraux ont été et sont toujours les acteurs d’une gigantesque entreprise de prise en otage d’un peuple entier. Avec demandes de rançons, chantage et détresse de dizaines de milliers de familles. De 1992 à 1999, ils ont conduit une « sale guerre » ciblant de manière délibérée des civils désarmés dans les zones sensibles, qui a fait 200 000 morts. Et en 2000 encore, ils ont lancé la terrible opération « Saïf El-Hadjaj » (« L’épée de El-Hadjaj »), dont le nom est le symbole même de la mort et de la terreur pour tous les musulmans. Avec vos pairs, vous avez ainsi mis en œuvre les principes de la « guerre psychologique » tels qu’ils ont déjà été appliqués pendant la guerre de libération par l’armée coloniale française, ou au Viêt-nam et en Amérique du Sud par les militaires américains et leurs alliés. Des méthodes qui incluent le bouclage physique des villes et des villages, la prise en otage de civils, les exécutions extrajudiciaires, l’enlèvement et la torture de toute personne soupçonnée d’appartenir à un groupe d’opposition.

D’où la fameuse question qui vous taraude aujourd’hui, avec vos complices : « Si nous lâchons le pouvoir, nous serons jugés pour crimes contre l’humanité ou crimes de guerre. » Vos généraux ont donc en permanence à l’esprit un kit de survie psychologique, et ils font tout pour respecter le pacte criminel qui les unit.

« DRS, dégage ! »
Aujourd’hui, mon général, en Algérie comme à l’étranger, vos émissaires sont sur tous les plateaux de télévision. Ces charlatans et pseudo-démocrates prétendent nous expliquer « comment devenir des opposants ». Ils veulent nous montrer la voie du « salut » par des discours démagogiques tout droit sortis de vos laboratoires de désinformation. Or que représentent-ils réellement dans la société algérienne ? Est-ce qu’un « démocrate » qui va manifester avec des gardes du corps de la police est crédible ?

Cette comédie peut peut-être abuser encore un temps des médias occidentaux – et français en particulier – qui ont depuis si longtemps renoncé à comprendre la perversité de votre système de pouvoir. Et vous avez su avec efficacité, à coups de prébendes et de désinformation, les encourager en ce sens pour vous soutenir. Mais vous ne pouvez plus abuser l’immense majorité du peuple algérien, qui est parfaitement lucide sur vos crimes et qui ne pense qu’une seule chose : « DRS, dégage ! »

Je sais comme tout le monde que votre souci principal est de ne pas se retrouver devant un tribunal pénal international, pour les crimes que vous avez commis depuis 1991. Chaque Algérien sait aussi que votre poulain Bouteflika est âgé et malade et qu’il a, tout au long de son mandat, abusé des circuits de corruption que vous lui avez laissés. L’affaire Sonatrach, devenue votre cheval de bataille pour brider celui qui prétend contester votre emprise sur ces circuits, est un révélateur de l’état de l’Algérie : de ses inégalités, de ses injustices sociales, de ses déséquilibres institutionnels, des abus d’un président sans contrôle comme de ceux de votre propre clan.

Dans votre régime en fin de règne, ces querelles misérables ne révèlent rien d’autre que la complicité conflictuelle qui vous lie, vous et votre président de façade, pour piller notre peuple. Ainsi, le DRS enquête et met à nu des réalités qui dévoilent les impostures et les mensonges d’un tout petit monde, qui par la faveur de votre pouvoir s’approprie la richesse nationale. On se souvient de ces grands titres de la presse dite « libre », mais très manipulée, qui révèlent telle ou telle affaire et de la fébrilité puis de la panique qui se sont emparées du cercle de votre président… Autant de faux-semblants d’une prétendue « lutte anticorruption » dont le seul objet est de préserver les pires pratiques de corruption.

Voyez par vous-même, mon général : ce qui était impensable il y a encore quelques semaines en Tunisie et en Égypte, peut bientôt se reproduire en Algérie. Des dictateurs ont plié bagage devant la colère de la rue. Mais soyez-en sûr, l’intifada fondatrice ne sera pas organisée par les faux opposants.

J’ignore ce qui va se passer maintenant. Nous avons des jours difficiles devant nous. Tout ce que je sais, c’est que l’Algérie a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes profondément loyaux et intègres, et non pas de ceux qu’on achète et qui se vendent. Des hommes et de femmes qui défendraient la justice et la vérité même si l’univers s’écroulait. Qu’il ne soit jamais dit que les Algériens n’ont rien dit, n’ont rien fait contre la bête immonde qui détruit notre nation. Les événements de ce début d’année 2011 dessinent une trajectoire fatale qu’il faut identifier et contrer pour préserver notre pays. Y a-t-il encore quelqu’un pour écouter la voix d’un Algérien ? Avons-nous peur de nos responsabilités ? Que deviennent-ils, les fils et les filles de l’indépendance ? De la guerre de libération ? L’Algérie est notre mère patrie, elle souffre d’un interminable cancer. C’est pour cela que je propose un congrès de la vraie opposition, une sorte de nouveau Sant’Egidio, parce que nous arrivons à un moment critique de notre histoire, à une époque d’incroyables défis à relever.

mercredi 23 février 2011

L’échec recommencé ?

Samir Bouakouir*, 22 février 2011

Va-t-on une fois de plus parler d’occasion historique ratée d’imposer un changement démocratique après l’échec de la manifestation du 19 février ?

S’il est vrai que le déploiement impressionnant des forces de sécurité a découragé beaucoup d’Algériens et d’Algériennes susceptibles de rejoindre et d’élargir le champ de la contestation, il est tout aussi vrai que les acteurs de la coordination nationale n’ont, en particulier certains d’entre- eux mus par des ambitions purement partisans, ni la crédibilité ni l’autonomie de décision pour mobiliser de larges couches de la société.

On serait même tenté de voir dans la précipitation à organiser des marches à répétition les éléments d’une opération conçue par les services de renseignements pour désamorcer une contagion possible dans la foulée des événements de Tunisie et d’Egypte. Mettre en avant des sigles de nature à régionaliser la contestation et à provoquer la suspicion, n’est-il pas le meilleur moyen pour le DRS d’empêcher la jonction entre la contestation sociale et l’affirmation politique ?

Sans être atteint de paranoïa politique, de « complotite aigue » ou justifier un quelconque immobilisme, sous-estimer les capacités de manipulation et d’anticipation du DRS peut conduire à des erreurs politiques fatales.

La guerre contre le politique
Après avoir, sous couvert de la lutte antiterroriste, éradiqué toute embryon de vie politique, ne laissant s’exprimer que des appareils politiques intégrés au système rentier et bureaucratique, avec cet avantage de créer une illusion de vie institutionnel pluraliste, le DRS est apparu aux yeux des états européens et de l’Amérique comme le principal organe stabilisateur du système et donc du pays, l’unique rempart à l’islamisme, au chaos et à la contagion terroriste.

Les confidences rapportées par un câble de Wikileaks suite un échange entre un leader politique et le chef du DRS sont révélatrices de la stratégie qui consiste à mener une politique de la terre brulée pour marginaliser ou forcer à l’exil toutes les élites politiques forgées dans le combat démocratique et feindre s’offusquer de l’absence de forces démocratiques ou d’interlocuteurs crédibles ?

La guerre contre la société menée par le DRS depuis le coup d’état de janvier 1992, dont le prolongement de celle menée par le Malg puis la SM, visait à faire de la violence le principe structurant des rapports sociaux et bloquer ainsi tout processus d’autonomisation du politique. La culture de l’émeute sert précisément d’instrument non institutionnel ou non conventionnel de répression des luttes politique et sociales pacifiques.

La grosse supercherie : Le retrait de l’Armée !
Cette stratégie possède un double avantage, en particulier depuis l’intronisation de Bouteflika : d’une part redonner une cohésion interne à l’Armée et anticiper sur d’éventuelles fissures en raison des soupçons qui pèsent sur l’implication de certains parties dans le détournement de deniers publics, des massacres de civils et autres assassinats politiques ; d’autre part offrir des garanties aux partenaires étranger quant au retrait de l’armée de la gestion des affaires politiques en crédibilisant, par de multiples canaux, les affirmations d’un Bouteflika triomphant qui a réussi à « soumettre les généraux ». La finalité de cette conjoncturelle répartition des rôles étant de neutraliser les actions menées par des ONG sur l’exigence de vérité et de justice, et de s’assurer d’une impunité, consacrée dans la dite charte pour la réconciliation nationale de Bouteflika.

Une répartition des rôles que Bouteflika et son entourage ont mis a profit pour s’assurer une liberté d’action et structurer autour de la présidence des clientèles politiques, économique et sociales, réactivant les archaïsmes à l’image des Arouchs et des Zaouïas. La gigantesque manne financière, au lieu de servir le développement, est utilisée pour renforcer ce système clientéliste de prédation. La corruption, en raison de cette aisance financière, ne pouvait qu’atteindre des proportions inimaginables jusqu'à provoquer des réactions chez d’autres clans du régime, s’estimant exclus des circuits de corruption ou pas suffisamment intégrés.

Des luttes féroces pour le contrôle de la rente
La guerre des clans s’organise essentiellement autour du contrôle et de la répartition de la rente. Les enquêtes diligentées sur les malversations que connait Sonatrach témoignent de cette guerre sourde. Les émeutes de janvier, qui, très vite, ont été contenus en cédant une part de la rente par l’annonce de mesures totalement incohérentes et démagogiques, n’obéissant à aucune rationalité économique.

Les événements en Tunisie ont vite été mis entre parenthèse ces luttes internes. La crainte d’un « dérapage dans la société » et d’une insurrection populaire généralisée, que le contexte actuel peut favoriser, a probablement poussé le DRS à agir pour une « trêve interne », tout en prenant la précaution d’encourager ses traditionnels ou nouveaux relais politiques à s’emparer de la contestation pour l’affaiblir, à occuper les médias étrangers, à tenter de se refaire une virginité politique pour certains et pour d’autres se construire une image d’opposant, quitte à faire dans le surenchère et occuper le champ sémantique de l’opposition historique.

L’après-Bouteflika est ainsi différé pour éviter les risques d’un tsunami populaire qui risquerait de tout emporter. L’objectif étant de se donner le temps de réunir les conditions politiques d’un changement de façade tout en neutralisant les acteurs autonomes du changement radical et pacifiques.

Samir Bouakouir

Ancien dirigeant du FFS.

Membre du CALD (Collectif Algérien pour la liberté et la démocratie)

vendredi 18 février 2011

Pourquoi le président Bouteflika doit-il passer la main

Par : Farid Alilat ( éditorial publié le 6 février)



EDITORIAL. La scène se passe le 09 juillet 1999 à la résidence d’Etat Djenane El Mithak, sur les hauteurs d’Alger. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, élu 3 mois plus tôt, reçoit la crème de la presse internationale. Pendant plus de deux heures, le président assure le show et répond à toutes les questions. Interrogé sur son élection contestée d’avril 1999, Bouteflika répond qu’il n’est pas homme à vouloir s’accrocher au pouvoir.

Bouteflika dans le texte : « Oh, vous savez, vous vous trompez complètement si vous pensez que je suis là pour un fauteuil. J'ai fait une traversée du désert de vingt ans et on m'a propose des responsabilités très importantes, y compris celle de chef de l'Etat, et je les ai écartées. Donc, je ne suis pas la...je n'exerce pas le pouvoir pour le pouvoir. »
Quelle semble lointaine cette profession de foi de Bouteflika !
En juillet 1999, il disait ne pas vouloir s’accrocher au fauteuil présidentiel. En février 2011, il s’y accroche encore.
En juillet 1999, il confessait ne pas vouloir s’accrocher à ce fauteuil, en novembre 2008, il n’a pas hésité à amender la constitution de son pays, celle-là même qui limitait l’exercice présidentiel à deux mandats, pour s’offrir un troisième mandat avec un score brejnévien : 90,24 % des suffrages.
Il ne suffisait pas à Bouteflika d’être mal élu en avril 1999, une fois que tous les autres candidats se soient retirés de la course, il ne lui suffisait pas non plus de traficoter les urnes en avril 2004, avec le grand concours de son ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni, pour être réélu à un deuxième mandat. Il lui fallait encore tricher en avril 2009 pour obtenir le score de 90,24 % des suffrages. Mais avant cela, il lui fallait aussi violer la constitution de 1996.
Quelle semble lointaine cette profession de foi de Bouteflika du 09 juillet 1999 dans laquelle il disait : «  Si vous pensez que je suis là pour un fauteuil. »
Ne dit-on pas que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Maintenant que la « révolution du Jasmin » a balayé le pouvoir dictatorial du président Ben Ali, à l’heure où celui de Hosni Moubarak vacille en Egypte, la question du maintien du président Bouteflika se pose ouvertement.
En Algérie, des partis d’opposition, des syndicats autonomes, des personnalités de la société civile, de simples citoyens, n’hésitent pas désormais à demander le départ du chef de l’Etat pour permettre une véritable transition démocratique.
Certains n’hésitent pas à demander à l’armée, celle-là même qui a permit à Bouteflika de revenir au pouvoir et de s’y maintenir, de prendre ses responsabilités devant l’histoire. C'est-à-dire défaire Bouteflika de ses fonctions.
Rien n’est moins faux que de prétendre que l’Algérie est aujourd’hui assise sur une poudrière. Rien n’est moins erroné que de présager que le pays risque de subir dans un proche avenir les mêmes soubresauts révolutionnaire que ceux que la Tunisie voisine a connus récemment ou que l’Egypte vit à l’heure actuelle.
Que le système politique algérien soit sensiblement différent de celui de la Tunisie ou de l’Egypte n’enlève en rien au fait que l’Algérie présente aujourd’hui tous les symptômes, tous les ingrédients, tous les germes, d’un pays au bord de l’explosion.  Pour illustrer le propos, il suffirait juste de rappeler que l’Algérie a connu en 2010 pas moins de 11 000 émeutes. Les dernières, entre le 4 et le 11 janvier 2011, ont fait 5 morts.
Que l’Algérie soit nettement plus riche, immensément plus riche, que la Tunisie ou l’Egypte - ce qui laisserait croire que les  dirigeants algériens pourraient indéfiniment acheter la paix sociale grâce aux pétrodollars -, n’enlève en rien au fait qu’en Algérie, aussi bien qu’en Tunisie, en Egypte ou au Yémen, la grogne, le ressentiment, le rejet se focalisent autour d’un seul homme : le président de la République.
En Algérie, en l’occurrence, celui-ci porte un nom : Abdelaziz Bouteflika.
Alors la question se pose : faut-il oui ou non que Bouteflika se démette ? Faut-il oui ou non que Bouteflika accepte de céder le pouvoir au risque, s’il se refuse, de plonger le pays dans une tourmente imprévisible ? Faut-il oui ou non que Bouteflika passe la main ?
Oui ! Il est temps, avant qu’il ne soit trop tard, que le chef de l’Etat algérien passe la main, qu’il organise une véritable transition démocratique qui permettrait au pays d’éviter une révolution à la tunisienne, à l’égyptienne.
C’est qu’après douze années passées à la tête du pouvoir, Bouteflika est devenu un vieil autocrate. Disons le franchement, au risque de soulever un tombereau de commentaires, Bouteflika n’est pas un dictateur. Il n’est pas non plus un despote à l’image de Khadafi, de Saddam ou de Kim Jon-Il. Bouteflika est simplement un autocrate.
Malade, démuni, effacé, cet homme âgé de 73 ans, concentre aujourd’hui tous les pouvoirs entre ses mains. En vertu de la révision constitutionnelle de novembre 2008, il a supprimé le poste de chef de gouvernement pour le remplacer par celui de Premier ministre, transformant ainsi celui-ci en simple factotum.
En vertu de cet amendement, décidé par la seule volonté d’un homme, et avec la bénédiction et l’assentiment de la hiérarchie militaire, toutes les prérogatives dévolues au chef du gouvernement sont transférées au siège de la présidence. Or celle-ci est devenue une coquille vide.
Vous voulez une preuve ? La présidence de la république est dépourvue de chef de cabinet ou de directeur de cabinet. Depuis quelques années, c’est le chef de protocole de Bouteflika qui sert de chef de cabinet, de majordome, bref d’homme à tout faire. C’est peu dire que le président Bouteflika s’est saisi de tous les pouvoirs.
Jamais depuis l’ouverture démocratique instaurée en Algérie à fin des années 1980, un chef d’Etat algérien n’a autant privatisé le pouvoir, n’a autant concentré entre ses mains tous les leviers de commande.
Il ne suffisait pas à Bouteflika d’être président, il est devenu au fil du temps son propre Premier ministre, son ministre des Affaires étrangères, le patron de la télévision. Il est même arrivé jusqu’à suppléer aux fonctions du Parlement en usant et en abusant des ordonnances présidentielles. A tel point que l’Assemblée nationale est devenue une caisse de résonance. Bref, une assemblée croupion.
C’est donc cet homme âgé, malade ; ce président qui n’a plus la force de communiquer directement avec son peuple, qui s’accroche encore à son fauteuil ! Quelle gloire pourrait donc grappiller Bouteflika en s’y agrippant ? !
Il n’y aucune gloire à faire valoir au crédit d’un président lorsque celui-ci entame ses douze années au pouvoir avec ce slogan : « Dégage ! »
Le moment est venu pour que cet homme passe la main.
Alors SVP Mr. Bouteflika : DÉGAGE